.
Pour un budget de l’Enseignement supérieur qui soit à la hauteur des enjeux !
Selon les prévisions du SIES[1], le nombre total d’étudiants à la rentrée 2017 augmenterait de 1,4 % sur l’ensemble des formations et des cycles de l’enseignement supérieur, soit + 36 000 étudiants environ. Et à la rentrée 2018, marquée par le boom démographique de l’an 2000, le nombre total d’étudiant.e.s devrait encore s’accroître de 65 000 ! À lui seul, le cursus Licence absorberait près de 40% de la hausse des effectifs !
Entre 2018 et 2012 alors que les effectifs d’étudiants dans l’ensemble de l’ESR progressaient de près de 300 000, les autorisations d’ouvertures de postes chutaient de 44% pour s’établir à 1 986 autorisations (1 266 MCF et 720 PR). Sachant que le nombre de postes ouverts à concours, inférieur par nature à ceux autorisés à ouverture, ne cesse de baisser (-33% entre 2017 et 2012), comment dans ces conditions l’ESR peut-il accueillir dans des conditions dignes du service public, la génération « 2000 » et les suivantes ? Cette contradiction est-elle vraiment insoluble ?
Augmentation continue des effectifs étudiants, CM surchargés, multiplication des groupes de TD, heures complémentaires imposées, précarité des collègues, augmentation des non-titulaire, gels des postes, augmentation des tâches administratives chronophages au détriment de la transmission des connaissances, appels à projets incessants, heures d’enseignement prévues dans les maquettes non financées et donc effectuées, … la situation actuelle n’est plus tenable : elle ne cesse d’engendrer des souffrances au travail par la dégradation des conditions de travail.
La loi ORE a fait émerger de nouveau le débat sur la sélection dans les filières post bac et a soulevé de façon criante la question du financement de l’ESRI et plus particulièrement la différence d’investissement de l’État entre les filières sélectives et les filières non sélectives, au détriment de ces dernières. Pour les membres du CNESER, il est urgent d’ouvrir le débat sur notre modèle d’organisation des formations post bac et de l’existence, en dehors des universités, de formations très sélectives. Parce que les membres du CNESER pensent que tous les jeunes méritent la même considération de l’État, ils demandent la création d’un groupe de travail qui se dotera d’une lettre de mission et d’un agenda précis, validés par le CNESER. La dépense moyenne par étudiant en France[2] s’élève à environ 11682 euros. Mais si elle est de 15100 euros pour un étudiant en classe préparatoire, elle n’est que de 10387 euros pour un étudiant inscrit à l’université.
Le CNESER demande à l’Etat de financer les nouvelles places en Licence à 100% de leur coût réel, d’abonder aux budgets des établissements pour dégeler dès la rentrée 2018 les postes gelés, d’enseignants-chercheurs et de personnel BIATSS, et exige une programmation pluriannuelle du budget de l’enseignement supérieur en croissance d’un milliard d’euros par an durant 5 ans. C’est la seule réponse digne d’un gouvernement qui désire satisfaire l’appétence légitime de la jeunesse à être diplômée, de la Licence au Doctorat.
MOTION présentée au CNESER du 15 mai 2018 par le SNESUP, la CFDT, l’UNSA.
Votes de la Commission Permanente : 16 Pour (unanimité)
[1] http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid129643/projections-des-effectifs-dans-l-enseignement-superieur-pour-les-rentrees-de-2017-a-2026.html
[2] https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/10/EESR10_ES_01-la_depense_d_education_pour_l_enseignement_superieur.php