Dernière édition le : mars 29th, 2024.
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Formation des enseignants : arrêtons ce jeu de dupes !

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Année après année, le gouvernement et plus particulièrement le ministère de l’Éducation Nationale fait montre de défiance à l’égard des universités en ce qui concerne la formation de leurs personnels. Premier élément : l’arrêté du 27 août 2013 fixant le cadre national des formations dispensées au sein des masters métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la  formation. Jusqu’alors la formation répondait à un cahier des charges fixé par un référentiel des compétences de l’enseignant (2006). Si les grands principes de la formation étaient rappelés, il était de la responsabilité des IUFM, établissements d’enseignement supérieur, d’élaborer leurs plans de formation dans le cadre de conventions tripartites : université(s), Rectorat, IUFM.

Nul besoin d’être fin observateur pour constater que c’est surtout la rue de Grenelle qui est “à la manœuvre”, le MESR étant au service (pour ne pas dire aux ordres) des décisions prises par les ministres successifs de l’Éducation Nationale. Le Ministre Attal a traversé la rue et emporté avec lui à Matignon ce dossier et c’est l’Élysée qui arbitre.

Le document qui a “fuité” du MEN montre qu’un nouveau cran est franchi. La formation est de plus en plus cadrée, mais, et c’est nouveau, les formateurs seront “choisis” par l’institution. Choix imposé ? Faudra-t-il candidater pour avoir le “privilège” d’être choisi. La collégialité universitaire en prend un coup !

Une large place est prévue pour des “enseignants aguerris”. Que veut dire “aguerri” ?  “Entraîné aux exercices de la guerre; rompu aux rigueurs et aux exigences du métier des armes” est-ce une condition suffisante pour être un bon formateur ? Chacun appréciera mais quelle place à la recherche ? Certainement comme E. Macron l’entend : elle dit ce qui est vrai et en sciences humaines c’est elle apporte un supplément d’âme. Quid du regard critique sur les pratiques ? du questionnement ? des hypothèses visant la compréhension des phénomènes humains, des apprentissages ?

La direction des ENSP sera assurée par un inspecteur qui prendra ses ordres auprès des ministères (on peut penser que ce sera essentiellement le MEN). On oublie des composantes universitaires dirigées par un élu parmi les pairs. En latin c’est toujours mieux plus de primus inter pares !

Personne n’est dupe, ce sont des écoles de la fonction publique que le gouvernement est en train de créer tout en laissant croire que la formation continue à être assurée dans des composantes universitaires. Non seulement il ment au peuple, mais il met les acteurs de la formation en situation d’injonction paradoxale. Il leur demande de mettre en place une formation universitaire et leur en dicte les contenus et modalités. Cela génère de la souffrance au travail dont il est responsable, des burn out dont nous avons tous été, et nous sommes, encore les témoins.

Que le gouvernement cesse d’avancer masqué, qu’il nous dise clairement si son projet est de  fermer les INSPE, et redonner au MEN la responsabilité de la formation des enseignants.

Pour Sup’Recherche-UNSA les enseignants méritent une véritable formation universitaire. C’est ce dont notre pays a besoin dans l’intérêt des élèves des écoles, collèges et lycée.