Lors de son audition devant la Commission de la Culture du Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances le 29 octobre[1], le ministre Philippe Baptiste s’est attaché à minimiser les difficultés financières des établissements en expliquant que « Ce n’est pas Zola non plus ». Il s’agit pour le moins d’une façon inédite et curieuse de défendre le budget de son ministère devant la représentation nationale, ce qui est généralement ce qu’on attend d’un ministre.
Ces propos sont évidemment contestables et sont très mal ressentis par tous les collègues qui font tourner les établissements et le service public contre vents et marées : Citons pêle-mêle, les bâtiments dégradés à plus de 60%, les logiciels impraticables, les heures complémentaires non choisies faute de recrutements, la perte de sens liée à la technocratisation indue et bien entendu, l’indigence budgétaire pour un secteur sur lequel repose une part non négligeable de l’avenir de la Nation.
Dans la forme, la « défense » est aussi très inédite. C’est en effet la première fois qu’au détour d’un commentaire sur taux de réponse aux projets Horizons Europe, un ministre traite ouvertement les personnels et les établissements de « nuls », « à la ramasse » alors même qu’ils ont été dûment « harcelés » comme ils le méritaient par leur bienveillante administration centrale.
Que dire à un tel stade, si ce n’est que les personnels non accompagnés dans les dépôts de projets font déjà des miracles avec ce qu’on leur donne et qu’on touche sans doute là aux limites de l’administration managériale de la recherche ? Que dire sinon que l’absence totale de prise en compte du poids quotidien des contraintes liées à des conditions d’enseignement dégradées vire à la schizophrénie ? Que dire sinon que le ministère, coupé de tout dialogue social, ne brille guère lui-même par son efficacité ainsi qu’il l’a démontré lors du déploiement erratique de la protection sociale complémentaire ?
Dans un cadre de respect républicain, aucun personnel n’a à se faire insulter par son ministre de tutelle, Sup’Recherche-UNSA s’insurge contre de tels propos et attend les excuses indispensables dans un tel contexte. Si, par la même occasion, un budget convenable pouvait advenir, ce ne serait pas plus mal !
Contacts :
Sup’Recherche-UNSA, 87 bis, avenue Georges Gosnat, 94 853 Ivry-sur-Seine cedex
Virginie Saint-James, Secrétaire générale, SG@sup-recherche.org,
Ben Alichérif, Secrétaire général adjoint , SGA@sup-recherche.org.
[1] https://videos.senat.fr/video.5582939_6901f1dfac6c1.budget-2026–audition-du-ministre-de-l-enseignement-superieur.