Dernière édition le : janvier 16th, 2024.
.

Décryptage IV, La recherche selon E. Macron

image_print

Décryptage IV

Le Président Emmanuel Macron a reçu plus de 300 chercheurs, représentants d’établissements supérieurs, instituts de recherche, institutionnels et chefs d’entreprises, pour présenter sa vision pour l’avenir de la recherche française, le jeudi 7 décembre à l’Élysée. Nous présentons un quatrième et dernier décryptage de cette allocution.

La recherche selon E. Macron

La recherche académique est une démarche qui vise à accroitre nos connaissances. La recherche et développement (R & D) consiste à utiliser les résultats scientifiques pour de nouvelles applications. On dit parfois que le Président Macron voudrait gérer la France comme une entreprise. Effectivement, dans son discours, c’est bien de R & D qu’il parle.

Le président confond la recherche et ses résultats « la science ». Dans un enchaînement récursif, la recherche crée la science (et ses récompenses : les prix Nobel), l’innovation, la technologie, la croissance économique, la création de richesse, qui permettent de financer la recherche. Il souligne que l’absence de lien entre recherche et innovation est une faiblesse, « historiquement une faiblesse française ».

Sup’Recherche-UNSA lui rappelle que la position actuelle de notre pays dans le domaine de la recherche et du développement (R&D) est le résultat de diverses politiques menées sur plusieurs années, qui ont malheureusement mené à un certain décrochage par rapport à d’autres nations.

Tandis que la France alloue 805 € par habitant à la R&D, l’Allemagne y investit substantiellement plus, avec 1270 € par habitant. Cette disparité notable devrait inciter le Président à reconsidérer et à réévaluer de manière approfondie nos stratégies et investissements dans ce secteur primordial. Face à cette situation, Sup’Recherche-UNSA lance un appel pressant à défendre et à renforcer la recherche publique, qui est un pilier fondamental et un moteur de progrès dans ce domaine.

Au niveau de la technologie, il place un diverticule : la technologie, l’excellence, la souveraineté, l’indépendance et la capacité d’une nation à dessiner son avenir. Certes le Président se bat « pour qu’on continue à avoir une science ouverte, vivant sur la coopération et l’ouverture entre les chercheurs, quels que soient les troubles géopolitiques ». Mais comme les autres nations ne raisonnent pas comme lui, nous perdons nos plus belles innovations.

« La science, la recherche de la vérité » est ainsi instrumentalisée par l’entreprise France, dans des buts économiques et politiques.

Les sciences humaines ne sont pas écartées du lot. Il leur attribue une fonction bien précise. « Je considère qu’en particulier les sciences humaines et sociales ont à éclairer l’avancée de la technologie ou des sciences dites dures pour pouvoir cheminer justement ensemble dans la société ». Il n’est pas question ici de développement des connaissances sur l’homme et la société, mais d’une sorte de garde-fou, de conscience morale.

Pour le Président, le chercheur est un savant, ce qui lui confère une autorité : « vous avez lu plus de livres. Et ça représente quelque chose d’un ordre du savoir, d’une légitimité reconnue par les pairs, qui permet ensuite de mener une recherche, mais de dire aussi dans la société des choses qui ont un poids et une valeur. »

Certes, le chercheur accroit nos connaissances en s’appuyant sur des connaissances antérieures. Pour Sup’Recherche-UNSA, ce n’est pas l’érudition qui fait la qualité de la recherche. Il y a aussi les qualités du chercheur qui sont : la disponibilité intellectuelle, la curiosité et la rigueur, la créativité et l’esprit critique (y compris vis-à-vis de son propre travail). On peut y ajouter la capacité à travailler en équipe et à communiquer.

La recherche scientifique est une démarche rigoureuse qui vise à de nouvelles connaissances, utiles ou inutiles, par l’administration de diverses sortes de preuves. Ce qui fait sa valeur ce n’est ni l’utilité des résultats ni l’autorité du savant, c’est la confiance qui résulte de la démarche évaluée par les pairs.

Image par Mohamed Hassan de Pixabay