Dernière édition le : février 10th, 2023.
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CSA du 10 février 2023

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Déclaration de l’UNSA, 10 février 2023

Madame la Ministre, l’UNSA et ses syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche (A&I, SNPTES, Sup’Recherche, UNSA ITRF.B.I.O) tiennent tout d’abord à vous remercier de votre présence. Cette attention particulière démontre votre respect des instances de dialogue social. Nous espérons que cet intérêt marque également une volonté de votre part d’être plus à l’écoute des propositions et revendications légitimes des personnels que nous représentons.

Comme vous le savez, nos organisations recherchent toujours à instaurer un dialogue social productif, plutôt qu’une contestation systématique et donc stérile. Mais en absence d’une réelle volonté de négocier de la part de ses interlocuteurs, l’UNSA et ses syndicats n’hésitent jamais à organiser des actions de contestation, pouvant aller jusqu’à la grève. L’actualité le prouve puisque nous sommes pleinement engagés dans la lutte contre le projet de réforme des retraites.

Ce projet de réforme des retraites que tente d’imposer le gouvernement dont vous faites partie présente la particularité d’être rejeté par l’ensemble des organisations syndicales et des organisations démocratiques d’étudiants et étudiantes. Vous n’êtes pas sans savoir également que ce mouvement de contestation est majoritairement soutenu par la population. Cette réforme, Madame la Ministre, l’UNSA et ses syndicats n’en veulent pas parce qu’elle n’est pas nécessaire comme a pu le préciser le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) et surtout elle est source de nombreuses injustices. Nous considérons également que cette réforme des retraites est inopportune, car elle vient rajouter, dans une période compliquée (crainte du COVID, inflation galopante, réchauffement climatique, guerre en Europe, etc.), du stress au stress et de l’angoisse à l’angoisse chez nos collègues titulaires et contractuels ! Enfin, le respect du Pacte républicain, Madame la Ministre, aurait nécessité que les partenaires sociaux puissent être réellement consultés et entendus avant que ce projet ne soit déposé à l’Assemblée nationale… Autrement dit, il est dommage de devoir ainsi rappeler que, dans une démocratie, les syndicats ont, bien évidemment, compétence à se prononcer sur les projets relatifs aux retraites des travailleurs et travailleuses avant que le Parlement n’en soit saisi. Si ce sont bien les parlementaires qui votent les lois, ces derniers ne doivent pas oublier qu’ils représentent les citoyens et qu’à ce titre ils doivent entendre leurs légitimes contestations et leur aspiration à une vie meilleure.

Il est aussi nécessaire, Madame la Ministre, de vous parler de l’augmentation irraisonnée des prix. La plupart des personnels, titulaires et contractuels, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Madame la Ministre, comme les étudiantes et étudiants, en sont victimes. De la même manière, nos établissements doivent aussi faire face à cette flambée des prix, notamment de l’énergie. Ceci ne fait que fragiliser encore plus des trésoreries déjà mises à mal par une augmentation de la masse salariale qui, c’est une bonne chose, améliore la situation de nombreux collègues (dégel relatif du point d’indice, revalorisation des primes, repyramidage, avancement, promotion, amélioration de la situation des contractuels, etc.), mais dont le surcoût n’est pas totalement, loin s’en faut, compensé par le budget de l’État.

Les difficultés budgétaires que rencontrent nos établissements d’enseignement supérieur et de la recherche, Madame la Ministre, doivent, impérativement, conduire l’État, s’il désire réellement disposer d’un enseignement supérieur public efficient, d’une recherche publique reconnue internationalement et de CROUS de qualité, à mettre les moyens nécessaires et, autrement dit, à passer du « on va » à la réalité des faits ! Ainsi, l’UNSA et ses syndicats continuent de demander la promulgation d’une loi de programmation de l’enseignement supérieur public, pendant logique de la loi de programmation de la recherche que le SNPTES et l’UNSA ont soutenu, seuls, en 2020.

Puisque nous venons d’évoquer, Madame la Ministre, la loi de programmation de la recherche nous nous devons d’évoquer le Protocole d’accord relatif à l’amélioration des rémunérations et des carrières, signé par le SNPTES et l’UNSA en 2020. Si cette concrétisation du dialogue social a pu, rapidement, améliorer la situation de bon nombre de collègues chercheurs et enseignants-chercheurs, notamment en matière indemnitaire, il se décline un peu trop lentement en ce qui concerne les personnels BIATSS, ITA et nos collègues PRAG-PRCE (trop souvent oubliés). L’UNSA et ses syndicats vous demandent donc, Madame la Ministre, d’accélérer la mise en place des mesures inscrites dans ce protocole d’accord et d’accompagner cette accélération de moyens budgétaires aussi réels que conséquents pour que les oubliés de cet accord puissent enfin bénéficier notamment d’un alignement de leur régime indemnitaire sur les montants les plus favorables de la fonction publique. N’oubliez pas, Madame la Ministre, que les primes de nos collègues, titulaires et contractuels, sont parmi les plus faibles de la fonction publique et que cette revalorisation mettrait fin à une injustice d’autant plus criante lorsque les prix s’envolent.

Enfin, Madame la Ministre, vous le savez, l’UNSA et ses syndicats ne sont jamais fermés au changement lorsqu’il est fondé et bénéfique pour le service public et nos collègues. L’UNSA et ses syndicats prennent donc acte de la mission sur les évolutions de l’écosystème national de la recherche et de l’innovation, ils mettent cependant en garde, tout d’abord, contre les inquiétudes légitimes d’un bon nombre de nos collègues, notamment des EPST, et, ensuite, contre une réforme systémique. Autrement dit, la recherche publique française a plus besoin de moyens budgétaires conséquents, dans les EPST et dans les établissements d’enseignement supérieur, que d’une nouvelle réforme structurelle aussi risquée qu’anxiogène. Que pourrait de plus un opérateur de programme, démesuré ou pas, s’il ne gère, au final, que la pénurie récurrente ?