.
Agrégation et docteurs
C’est dit, une nouvelle voie de recrutement permettra à des titulaires d’un doctorat de passer l’agrégation. « Cette nouvelle voie de recrutement concernera jusqu’à 15% des postes. Le concours portera principalement sur la recherche » a affirmé Thierry Mandon, Secrétaire d’État chargé de l’enseignement supérieur (Le Monde, 14 novembre 2015, p. 16).
De quels docteurs s’agit-il ? De ceux qui, validés par le CNU, n’ont pas pu rejoindre l’enseignement supérieur ? De tous les docteurs, quelle que soit leur situation au regard de l’enseignement supérieur ? Vraisemblablement tous les docteurs seront concernés.
Un problème se pose : le concours de l’agrégation auquel on songe pour eux semble bien éloigné du concours actuel, dont l’objet est de prouver la maîtrise globale d’une matière. Il s’agirait, en ce qui concerne la voie spécifique dont parle Thierry Mandon, de cerner des capacités dans le domaine de la recherche, en relation avec le champ investi par tel ou tel docteur. Il conviendra donc de penser un programme national pour les diverses disciplines, celles qui sont représentées dans le cadre des concours externes actuels. Est-ce si simple ? Qui assumera l’élaboration de ce programme national, différent chaque année ? Voici un sujet sensible. Il concerne l’Inspection générale, les jurys existants assumant le concours externe, les jurys à constituer.
Ce concours spécifique sera-t-il adapté à ce que devront assumer dans les établissements scolaires les néo-agrégés ? Auront-ils vocation à enseigner en lycée ou en premier cycle universitaire ? De quoi parle-t-on à propos du lycée ? Des classes avant le baccalauréat ? Des classes de STS ou de CPGE ? Ils seront alors en concurrence avec des agrégés de lycée, parfois docteurs. Respectera-t-on l’équité ? Faut-il comprendre que les postes de PRAG au-delà du baccalauréat, dans les universités, leur seront réservés ? Ce serait injuste à l’égard des agrégés déjà en place dans le second degré désireux de postuler pour un poste de PRAG.
Pourquoi songe-t-on seulement à la seule agrégation ? Des docteurs dans des disciplines techniques pourraient trouver place dans des lycées professionnels. Pourquoi, pour certaines filières, ne pas leur réserver des postes du concours de Professeurs de lycée professionnel ? Apparemment cela n’a pas été évoqué. On peut le regretter.
Le ministère de l’Éducation nationale ne saurait être le seul concerné par le devenir des docteurs. D’autres ministères devraient agir en leur faveur. Thierry Mandon le dit clairement : « L’administration a intérêt à recruter des docteurs. Nous avons commencé un travail de sensibilisation des ministères » (Le Monde, art. cité).
Ce qui importe, pour revenir à l’agrégation, c’est la qualité du concours, et le respect des agrégés actuels lors des affectations. Pas de passe-droit au prétexte que des docteurs ne trouvent pas de travail après la soutenance de leur thèse. Ceci étant dit, ces agrégés dotés d’un doctorat, se révèleront fort utiles dans certains secteurs de l’enseignement au vu des compétences acquises avant la réussite au concours.
Gérard Pouloin