Au CNESER du 11 mars 2025, trois mois et deux ministères plus tard, le compte n’y est toujours pas !
Le CNESER plénier du 11 mars 2025 devait examiner (enfin !) pour avis la répartition des moyens du ministère l’enseignement supérieur et de la Recherche pour 2025-2026.
Devant l’insuffisance criante des dotations face à ce qui serait nécessaire au fonctionnement convenable de l’enseignement supérieur, Sup’Recherche-UNSA s’est associé à un mouvement intersyndical et a voté CONTRE.
Déclaration de Sup’Recherche-UNSA :
Conformément à l’article D 232 1 4°) du code de l’éducation, le CNESER est aujourd’hui réuni en formation plénière pour examiner et rendre un avis sur la répartition des emplois et des moyens entre les différents établissements prévus par l’article L.719-4 du Code de l’éducation.
Sur ce point, il est impossible de répondre. En effet, malgré nos demandes répétées, il n’a jamais été fourni aux membres de cette institution les clés d’un quelconque modèle de répartition en vertu duquel il serait possible de rendre un quelconque avis sur la question.
Dès lors, il est difficile d’empêcher le Conseil de se poser la question différemment, et d’examiner la pertinence du budget de l’ESR dans son ensemble.
Du budget de cette année, outre les péripéties politiques qui entrainent une discussion en mars, il nous est dit que la réduction de 930 M€ entre le PLF 2024 et le PLF 2025 ne concerne pas les programmes du MESR, (c’est-à-dire les programmes 172 sur la recherche, 231 sur la vie étudiante et 150 sur les universités), voire que le programme 150 bénéficie d’une augmentation de 300 M€ supplémentaire ; ce qui permet «compenser intégralement le CAS Pensions et d’allouer 100 M€ supplémentaires aux mesures RH de la LPR».
En réalité, le sous-financement de l’enseignement supérieur et de la recherche est récurrent. Avec lui, nous constatons l’incapacité à nous déployer vers les secteurs d’avenir des transitions numérique et environnementale. Dans l’immédiat les universités sont dans l’impossibilité de mener à bien le gigantesque chantier de leur nécessaire évolution immobilière et d’assurer tout simplement la sécurité de leurs réseaux.
Faire face à la pénurie par la ponction des « trésors de guerre » fantasmés par Bercy, et représentés par les fonds de roulement des établissements n’est qu’un expédient qui a fait long feu. Déjà ponctionnés l’an dernier, ces fonds se révèlent très inégaux d’un établissement à l’autre. Ainsi la plupart se retrouve dans une situation critique que l’Etat se refuse à voir, en abaissant les seuils d’intervention rectorale.
Que dire de la situation des étudiants, affectée violemment par la baisse du programme 231 ? Un étudiant sur quatre peut être considéré en situation de précarité et beaucoup sont entravés dans leur quête d’autonomie quand ils veulent ou doivent décohabiter. Dites-nous comment vous pensez financer au mieux la réforme structurelle des bourses dans un cadre aussi contraint ?
Dans la période, il est fortement conseillé aux établissements d’augmenter leurs ressources propres. Ici aussi, le remède est bien illusoire. D’une part, le recours aux financements apportés par les collectivités territoriales, elles-mêmes impactées par les coupes budgétaires, fond cette année comme neige au soleil. D’autre part, les partenaires privés taillent dans leurs budgets recherche et développement. Enfin la réduction mal pensée des aides à l’apprentissage, et à l’alternance et la suppression du « CIR jeune docteur » viennent alourdir les difficultés dans le secteur public qui en faisait une utilisation vertueuse.
Aussi faute de pouvoir nous prononcer plus spécifiquement sur des moyens qui, de toute façon sont structurellement insuffisants, nous voterons contre le projet de répartition qui ne reflète, une fois encore, qu’une tentative désespérée de gérer la pénurie !
A ce propos voir également notre article « Des inégalités toujours plus criantes »
Lors de ce CNESER, Sup’Recherche-Unsa a posé la question des conditions difficiles d’évaluation par l’HCERES des établissements de la vague E.
Ce CNESER a aussi examiné la Présentation du contrat d’objectifs, de moyens et de performance du CNRS (COMP CNRS).
Pour la période couverte par ce nouveau contrat, le CNRS a identifié six nouveaux grands défis transverses auxquels il a l’ambition d’apporter des contributions substantielles à moyen terme, :
– le cerveau ;
– les matériaux du futur ;
– la vie dans l’univers ;
– l’instrumentation sans limites ;
– l’IA générative pour les sciences ;
– les sociétés en transitions.
Conformément à ses mandats, Sup’Recherche-UNSA a aussi voté contre le projet d’arrêté fixant la liste des formations de premier cycle de l’enseignement supérieur des établissements privés sur Parcoursup en 2025.
En revanche nous avons refusé de nous associer à une motion portée par le Collectif 384 demandant « le report de la réforme concernant les enseignants du supérieur (ES) et donc la déprogrammation de ces textes au futur CSA ministériel ».
Sup’recherche-UNSA estime tout au contraire que tout retard pris à ce sujet est gravement préjudiciable aux collègues concernés et de dit une fois de plus, prêt au dialogue social !
Il faut sortir nos collègues enseignants du supérieur de l’invisibilité qui les résume à 384 heures !
Ce CNESER a aussi vu l’examen :
- De mesures de refonte de divers BTS
- D’un projet d’arrêté fixant la liste des diplômes permettant d’accéder aux classes préparatoires destinées aux titulaires de diplômes obtenus après deux années d’études supérieures.
- D’un projet de décret adaptant les modalités de délivrance du brevet de technicien supérieur à Mayotte au titre de la session d’examen 2025 en raison de circonstances exceptionnelles.
- D’un arrêté relatif à l’attribution du grade de master aux officiers diplômés de l’École spéciale militaire de Saint- Cyr
- D’une motion portée par l’Union étudiante intitulée « STOP à la politique d’affichage du MESR en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ! ».
- D’une motion portée par la FAGE « Pour une amélioration des conditions d’accueil et de vie des étudiantEs internationauxALES en France ».