Projet de Loi de finances 2026, Incertitudes pour l’ESR , Sale temps pour les établissements

Le Projet de loi de finances pour 2026 a été déposé le 14 octobre et contient des mesures sans surprise : gel du barème de l’impôt sur le revenu, des prestations sociales, réforme de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite…  

En ce qui concerne l’Enseignement supérieur,  il prévoit d’ ouvrir 31,47 Md€ de crédits de paiement pour la Mires (Mission interministérielle recherche et enseignement supérieur). Sur le périmètre du ministère de l’ ESR et de l’Espace (programmes 150, 231 et 172), les crédits de paiement se montent à 27 Md€, en hausse de 175,6 M€. Par ailleurs, le texte supprime la réduction d’impôt pour frais de scolarité et réserve le bénéfice des APL aux seuls boursiers parmi les étudiants hors Union Européenne.

  • On notera avant toute chose avec préoccupation le recul de -25,6 M€ du programme 231 «  vie étudiante ».  Est-ce véritablement tenable au vu de la précarisation constante des étudiantes et des étudiants ?
  • On notera ensuite que l’augmentation de 566 M€ de la Mires (comparé à la loi de finances initiale 2025) ne garantit en rien que la trajectoire de la Loi de programmation pour la recherche déjà écornée, puisse être respectée. Elle ne permet guère de nouveaux investissements en recherche.

Vu depuis les établissements, ce budget renforce les incertitudes dans un climat déjà dégradé. Actuellement, une dizaine d’universités présente des comptes financiers 2024 en graves difficultés au regard du Décret financier et les fonds de roulement ont fondu comme neige au soleil. On ne compte plus les établissements qui annoncent des gels des postes et des mesures d’économies.

Comment supporter l’augmentation du CAS pension, comment faire face à l’inflation même mesurée ? Comment assumer le coût du nouveau régime de protection sociale complémentaire à partir du 1er mai 2026 ?

Toutes ces inquiétudes appellent des clarifications que Sup’Recherche-UNSA ne manquera pas de demander lors de la discussion budgétaire qui s’ouvre et où nous prendrons toute notre part.




Non, les « Key’s labs » ne sont pas la clé du succès !

Selon son propre site , « la mission du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est de mobiliser toutes les sciences pour affronter les défis du monde contemporain ».

Splendeurs et misères du CNRS

Oui, mais voilà, derrière cette vitrine prestigieuse se cache la grande détresse du financement de la recherche en France, qui n’atteint que péniblement 2,2% du PIB.

Aussi, le 12 décembre dernier, le Président-directeur général du CNRS, Antoine Petit a-t-il annoncé que le contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) du CNRS pour la période 2024-2028,  prévoit de créer un label  « Key Labs » valable 5 ans et décerné dans la plus grande opacité à 25% des unités de recherche, laissant pour compte les trois-quarts restants.

Cette politique repose sur l’idée que « le CNRS se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, qui seraient réellement de rang mondial pour qu’ils bénéficient d’une ’implication du CNRS « plus forte, et plus pérenne ».

Ainsi plus de la moitié de personnels du CNRS (54%), au rang desquels figurent notamment les chercheurs, seront laissés face aux seules universités, dont les moyens sont conjoncturellement  atteints de mille et une manières dans le marasme budgétaire actuel.

La mort de la pluridisciplinarité ?

Spécificité française, « le CNRS est le seul organisme de recherche en France qui rassemble en son sein l’ensemble des disciplines scientifiques. Sa force est d’avoir des spécialistes dans des domaines très pointus, capables de comprendre leur sujet en profondeur ».

La concentration annoncée ne peut que mettre à mal cet objectif essentiel et se révéler mortifère dans la compétition mondiale, dont le savoir est réellement une clef essentielle !

Sup’Recherche-UNSA s’oppose à la politique annoncée et soutiendra par tous les moyens les collègues et les unités impacté.es !

Défendons la multiplicité de la recherche française !




Keys labs : Sup’Recherche-UNSA s’associe à l’appel intersyndical !

De façon unilatérale, le CNRS dans son projet de contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) du CNRS pour la période 2024-2028, annonce qu’il « se propose de mettre en valeur, parmi les laboratoires dont il assure la tutelle, les plus remarquables d’entre eux, ceux qui sont réellement ‘’de rang mondial’’ ». Moyennant quoi, il entend concentrer plus de moyens sur 25 % des unités de recherche, les « Key Labs ».

En conséquence, 75 % des unités de recherche (soit 54 % des personnels CNRS) seront sacrifiées !!!!

  • Comment ces laboratoires seraient-ils choisis ?
  • Quid des laissés-pour-compte, à la charge des universités déjà exsangues ?

Sup’Recherche-UNSA s’associe à un appel intersyndical à manifester.

Toutes et tous devant le siège du CNRS le jour de son Conseil Scientifique,

le 27 janvier à 12h30 pour demander l’abandon du projet « CNRS Key Lab » !




Situation financière des établissements, universités en danger : l’Etat s’en lave les mains !

Communiqué de presse

Ivry-sur-Seine le 4 décembre 2024

Ce 2 décembre, un Décret no 2024-1108 du 2 décembre 2024 relatif au budget et au régime financier des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel est paru au Journal officiel.  Il « comporte diverses dispositions visant à moderniser et simplifier les règles budgétaires et financières applicables aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche. »

Sous couvert de simplification et de promotion de l’autonomie, ce texte porte gravement atteinte au cadre financier entre l’Etat et les établissements en amoindrissant considérablement ses obligations à leur égard.

D’une part, le décret prévoit en effet la suppression de l’obligation d’autorisation préalable du recteur de région académique pour le prélèvement sur les réserves à l’article R. 719-61, ce qui constitue une facilitation de la ponction de ces réserves, déjà entamée l’année dernière au point que certaines universités n’ont plus qu’un jour d’avance dans leur fonds de roulement.

D’autre part, le texte supprime du critère de la perte au compte de résultat sur deux comptes financiers successifs pour entrer dans un plan de retour à l’équilibre financier, qui est remplacé par une analyse de soutenabilité budgétaire aux articles R. 719-61 et R. 719-109. C’est supprimer un garde-fou au moment même où l’abîme se creuse et se défausser par avance des situations catastrophiques qui se profilent.

Sup’Recherche-UNSA dénonce avec force ce désengagement de l’Etat. A ceux qui invoquent la nécessité de plus d’autonomie des universités nous répondons non seulement l’autonomie, oui mais pour quoi faire ? 

 Mais surtout plus que jamais, l’autonomie avec quoi ?

Sup'Recherche – UNSA

Contacts :

Sup’Recherche-UNSA, 87 bis, avenue Georges Gosnat, 94 853 Ivry-sur-Seine cedex
Virginie Saint-James, Secrétaire générale, SG@sup-recherche.org