Une loi de programmation de la recherche … ce n’est pas suffisant pour les Universités ! 

La LPPR était présentée ce Jeudi 2 juillet au Comité technique des personnels enseignants titulaires et stagiaires de statut universitaire (C.T.U.) pour information. Voici le communiqué de presse de Sup’Recherche-UNSA.

La loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR) a pour but affiché de rendre à la France son rang international dans ce domaine, de réussir sa « reconquête scientifique » et de renforcer l’attractivité des métiers de chercheur et d’enseignant-chercheur. Si la loi, qui devrait être présentée au conseil des ministres le 8 juillet, n’est pas celle que nous aurions écrite, notre concertation de ces derniers mois avec le ministère a permis des avancées dont nous attendons des retombées concrètes dès le début 2021.  

Si l’un des objectifs affichés de cette loi est d’améliorer l’attractivité des métiers de chercheur et d’enseignant-chercheur, aucune des mesures qu’elle propose ne permet de redonner aux universités les moyens de base dont elles ont besoin pour assurer une formation initiale et continue de qualité. Notamment, elle ne permet pas de réduire les inégalités : il est aujourd’hui inacceptable que les filières générales des universités aient une dotation par étudiant qui corresponde à la moitié de ce que l’État investit pour les étudiants des CPGE et BTS !  

Les 25 milliards sur 10 ans annoncés par la LPPR ne sont pour nous qu’une première étape.  

Sup’Recherche-UNSA revendique une loi de programmation pluriannuelle pour les missions de formation initiale et continue de l’enseignement supérieur en parallèle de celle-ci. Cette nouvelle loi devra permettre davantage d’égalité entre les étudiants et conduire à ce que les universités disposent de dotations financières par étudiant alignées sur celles des classes préparatoires conduisant à une harmonisation par le haut des crédits et du taux d’encadrement par étudiant.

Contact : Jean-Pascal Simon, Secrétaire Général, jean-pascal.simon@univ-grenoble-alpes.fr




La LPPR : notre position

Le projet de loi de programmation pour la recherche (LPPR) 

Les débats sur ce projet de loi auront duré 21 heures. Cette loi a été finalement votée par le CNESER. L’UNSA éducation et ses syndicats de l’ESR demandaient depuis de nombreuses années une loi de programmation, si ce n’est pas la loi que nous aurions écrite, notre travail de concertation de ces derniers mois, les négociations que nous avons eues ces derniers jours ont permis des avancées certaines. 

Nous avons été entendus par la ministre sur la mise en place de mesures en faveur des Chargés de Recherche (CR) et des Maîtres de Conférences (MCF) qui vivent la mise en place des chaires de professeur junior comme une concurrence déloyale notamment au moment d’accéder aux corps de Directeur de Recherche (DR) ou Professeur des universités (PR). Les chaires sont des moyens nouveaux, et la Ministre s’est engagée à augmenter le nombre de promotions de MCF et CR aux corps de PR et DR. 

Le CNESER, qu’en retenir ? 

Une longue séance qui a commencé le jeudi 18 juin 10h pour s’achever vendredi 19 juin aux environs de 7h00 du matin. Il est clair que, malgré un aménagement du calendrier initial qui prévoyait une seule séance le 12 juin, les conditions dans lesquelles nous avons dû travailler n’ont guère été propices à un débat serein. 

Nous avons déposé une trentaine d’amendements et nous avons obtenu gain de cause sur bon nombre d’entre eux, par exemple : 

  • l’engagement que tout recrutement d’une chaire de professeur junior puisse s’accompagner de l’augmentation d’au moins une promotion supplémentaire dans le corps des professeurs ou des directeurs de recherche courrier de F. Vidal aux secrétaires généraux du Sgen-CFDT, du SNPTES et de Sup’Recherche-Unsa. Cela ouvre des perspectives de plusieurs centaines de promotions supplémentaires pour les collègues MCF et CR. 
  • Les contrats post-doctoraux et les CDI de missions scientifiques auront une durée minimale. C’est un gage de sécurisation des personnels. Cela permet aussi d’inscrire dans la loi que ces contrats ne sont pas faits pour des recrutements de courtes durées. 
  • Avant de rompre le contrat de mission scientifique, l’établissement devra rechercher une nouvelle affectation pour l’agent correspondant à ses compétences. Cela sécurise aussi les collègues. 
  • Concernant l’intéressement (article 14) : les domaines d’activités et personnels concernés par les dispositifs d’intéressement seront définis par décret et la mise en œuvre de ce dispositif sera présentée annuellement au CA de l’établissement. 
  • Enfin, Frédérique Vidal s’est engagée à ce que l’HDR soit requise pour que les professeurs juniors puissent être titularisés dans le corps des PR. Ce point n’était pas gagné d’avance, mais il semble maintenant acquis. 
  •  

Fidèle à notre syndicalisme qui veut mettre en avant l’efficacité et la négociation plutôt qu’un syndicalisme de posture. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas obtenu les 50 Milliards d’euros que nous voulions qu’il faudrait refuser les 25 Milliards d’euros de la loi. Les collègues devront pouvoir constater les effets positifs de cette loi dès le début de l’année 2021. Nous le rappellerons au MESRI. 

Si les OS qui s’opposaient à la LPPR avaient été toutes présentes au vote final le résultat aurait été différent. Le projet de loi a reçu un avis favorable par 32 voix contre 26 … les OS absentes détenaient 15 voix, le calcul est vite faità chacun d’assumer ses choix. 

Et maintenant ? 

C’est là que tout commence, ou se poursuit. Une fois encore, nous avons été reconnus comme de vrais interlocuteurs par le MESRI, pour preuve nos amendements retenus. F. Vidal nous a proposé de travailler à ce qui “pourrait faire l’objet d’un protocole d’accord“, nous ditelle dans sa lettre. Dès le 25 juin, nous allons définir avec les services du MESRI le calendrier et la méthode de concertation 

C’est pour nous une occasion de plus de porter nos revendications, de travailler à ce que cette loi apporte, à toutes et tous, une amélioration des conditions de travail et de rémunération. Nous sommes en train de faire des propositions concrètes dans les domaines suivants : 

  • Les déroulés de carrière et notamment l’accès des MCF-HDR hors classe au corps de PR  
  • Les grilles : en demandant notamment le raccourcissement de l’échelon 5 de la HCL des MCF 
  • Une augmentation des possibilités de promotion des PR à la classe ex 
  • Le décontingentement de l’accès à la HEB pour les MCF 
  • L’alignement de la grille indiciaire des CR sur celle des MCF
  • …  

Nous allons travailler sur les textes réglementaires découlant de la loi. C’est là aussi un levier important pour border” les dispositifs que nous combattons et obtenir de nouvelles avancées. 




95% des personnels de l’ESR n’ont pas eu un “investissement exceptionnel” lors de la crise COVID-19 ?

Communiqué de presse, Ivry-sur-Seine, le 4 juin 2020.

C’est ainsi que des esprits chagrins pourraient recevoir l’annonce faite d’une enveloppe de 5,6 M€ de primes pour environ 5 % des personnels. Que penser de ce décalage avec la lettre du 15/05 à la communauté de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation, dans laquelle la Ministre reconnaissait l’engagement “sans relâche”, “la solidarité”, “la créativité” des agents ?

Sans l’engagement sans faille des agents les salaires auraient-ils pu être payés à temps ? Si les enseignants et enseignants-chercheurs n’avaient pas eu un engagement hors norme, les étudiants auraient-ils pu bénéficier d’un suivi pédagogique, les évaluations auraient-elles pu être tenues ? … Que penser d’une démarche qui vise à identifier des héros ? Car être un héros (ou un salaud) est une question d’opportunité, la psychologie l’a montré depuis longtemps.

S’il s’agit de “récompenser” les agents, Sup’Recherche-UNSA demande que des critères objectifs, permettant de déterminer ce qu’est un “engagement exceptionnel”, soient définis avec les organisations syndicales dans le cadre du Comité Technique Ministériel avant d’annoncer des millions de primes. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra arrêter l’enveloppe qui permettra de prendre en compte l’engagement réel. Hélas, les critères ont été arrêtés par le ministère souvent loin de la réalité du terrain. Les OS auraient pu apporter un éclairage fructueux notamment dans l’appréciation de ce qu’est une charge de travail spécifique dans les différents métiers de l’ESRI.

Toutefois les agents de l’ESR n’attendent pas des “récompenses”, mais plus simplement la reconnaissance du travail effectué et s’il l’on considère que les fonctionnaires de l’ESRI ne sont pas rémunérés à la hauteur de leur tâche, ce n’est pas une prime qu’il faut envisager, mais une revalorisation des salaires.

La procédure initiée par le MESRI : définir à priori un pourcentage de “méritants”, ne peut qu’engendrer rancœurs, frustrations voire même des oppositions entre les agents … alors que plus que jamais nous avons besoin que les personnels, qui doivent préparer ensemble une rentrée qui s’annonce complexe, soient reconnus à leur juste valeur.

Contact : Jean-Pascal Simon, secrétaire général – jean-pascal.simon@univ-grenoble-alpes.fr




Formation des enseignant·es et CPE : la réforme doit être suspendue

Communiqué de presse, Ivry sur Seine, le 18 mai 2020

Les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, cherchent à passer en force une réforme avec des textes mal construits sur des objectifs volontairement ou involontairement peu clairs. En procédant ainsi, ils préparent déjà, la nécessité de prévoir une nouvelle réforme dès qu’ils auront quitté leur poste, afin de corriger cette précipitation.

Une réforme de la formation initiale des enseignant·es et CPE engage l’avenir du système éducatif. Nous n’acceptons pas que les ministres agissent contrairement à l’engagement du Président de la République de suspendre les réformes importantes. L’UNSA Éducation et ses syndicats demande la suspension de cette réforme. La situation sanitaire du pays implique de ne pas passer en force, ou pire, de profiter de l’abondance de sujets pour avancer sur ce domaine moins médiatique mais pourtant crucial.

Une difficile coopération interministérielle

C’est une réforme qui concerne le Ministère de l’Enseignement Supérieur (ce sont les universités qui forment dans les masters disciplinaires et master MEEF) et le ministère de l’Éducation nationale (organisateur des concours et futur employeur). Il ne faut pas être fin observateur pour constater que la répartition entre les prérogatives de chaque ministère se fait dans la douleur. On peut penser que des visions trop différentes ont ralenti la rédaction du texte qui fixe les attendus des master MEEF. Il en résulte que le texte qui va être soumis aux votes du CTMEN du CNESER et du CTMESR, est mal ficelé et toujours insatisfaisant, trop de questions restent sans réponses.

Des modalités de formation professionnalisante encore à construire

Placer le concours en fin de M2 change le cadre de la formation des masters MEEF. On ne peut pas faire un simple toilettage de l’arrêté de 2013. Cela doit s’accompagner de transparence sur les futurs concours, les modalités d’admission en M1, autant de points qui ne sont pas clairs à ce jour. Continuer le processus de publication des textes sans tenir compte de ces deux mois de crise sanitaire, où les équipes des ministères, des Inspé ont été ralenties et empêchées de poursuivre leur travail de conception et de dialogue avec les différents acteurs est non seulement inacceptable mais aussi mortifère.

Un lieu de formation commun aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, à l’université.

Sans visibilité sur les futurs concours, le travail sur les masters MEEF est vain car quelle que soit leur maquette, ils ne seront pas choisis par les étudiant·es. En effet, des épreuves peu ou pas professionnalisantes auront surtout pour conséquences de les engager vers d’autres cursus universitaires que les parcours MEEF particulièrement pour les futurs enseignant·es des collèges et lycées.

Pour l’UNSA Éducation, enseigner est un métier qui s’apprend. Elle réaffirme son attachement à un lieu de formation commun de tous les professionnels de l’éducation, à l’université. C’est indispensable au progrès de notre système éducatif.

L’UNSA Éducation et ses syndicats sont prêts à apporter, dans un contexte apaisé, leurs expériences et leurs compétences à la construction de la meilleure formation possible pour les enseignant·es et des CPE qui rappelons-le formeront les citoyens d’une société aux défis immenses, économiques, environnementaux, sociaux et démocratiques, forces vives de la Nation de la fin du XXIe et du début du XXIIe siècle !

Ivry sur Seine, le 18 mai 2020,

Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation

Stéphane CROCHET Secrétaire général du SE-UNSA

Jean-Pascal SIMON, secrétaire général de Sup’Recherche-UNSA




Réforme des INSPE et mission Sherringham : un énième rebondissement bien mal venu !

Communiqué de presse, Ivry le 27-04-2020.

Cette annonce interpelle fortement nos organisations syndicales. À plus d’un titre.

Sur la forme tout d’abord. Apprendre l’existence de cette mission par une agence de presse est un message que nous recevons mal ! Depuis l’ouverture des négociations, nos organisations syndicales ont toujours été force de propositions dans les discussions sur la réforme de la formation initiale des enseignants et des CPE. Cela pose aussi la question du rôle et de l’existence même du comité de suivi de la réforme des INSPE qui n’a, à aucun moment, été informé et encore moins consulté.

Sur le fond. Cette mission marque un tournant dans l’ancrage de la formation des enseignant.e.s et des CPE qui passe ainsi nettement de l’ESR au MENJ.

En effet, la lettre de mission, citée dans la dépêche et qui n’a toujours pas été communiquée, précise que ce sont les « recteurs qui ont la responsabilité de mettre en place les nouveaux Inspé » et que M. Sherringham « accompagnera les recteurs dans la vérification de la conformité des maquettes pédagogiques ». Cela va à l’encontre de l’organisation même de l’enseignement supérieur et de l’autonomie dont jouissent les universités en France. Nos organisations syndicales rappellent que les INSPÉ sont des composantes universitaires à part entière et, qu’à ce titre, ils relèvent des prérogatives à la fois de leur Conseil d’Institut, de la Commission Formation et Vie Universitaire et in fine du CNESER. Nous apprenons également qu’il revient à Mark Sherringham de veiller à « évaluer la richesse des viviers des candidats à la direction des Inspé ». Depuis la loi Blanquer sur « l’école de la confiance », les Conseils d’Institut ont déjà été privés de l’audition des candidats à la direction de la composante au bénéfice d’un « comité d’audition ». Celui va devenir une simple chambre d’enregistrements.

Croit-on vraiment que ces nouvelles annonces, vont contribuer à rendre plus attractives les conditions d’accès aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, à renforcer la professionnalisation en formation initiale et à améliorer la rémunération et les conditions de travail des étudiant.e.s et des stagiaires ?

Cette manière de procéder n’est respectueuse, ni des partenaires sociaux, ni des personnels des INSPÉ et des composantes universitaires impliquées dans la réforme de la formation des enseignant.e.s et des CPE. Nous rappelons que depuis le confinement décrété le 17 mars, et l’annonce du Président de la République de suspendre les réformes en cours, toutes les réunions sur la formation des enseignants ont été suspendues, en particulier celles portant sur la modification de l’arrêté du 27 aout 2013 et qui prévoyait dans sa dernière version travaillée le 4 février 2020 une possibilité de décliner l’alternance sur les deux années du master MEEF.

Pour nos organisations syndicales, l’annonce de la mission Sherringham est un nouveau rebondissement qui montre à quel point la réforme de la formation initiale est encore loin d’être aboutie. Cela renforce notre revendication de reporter la mise en œuvre de la réforme et de reprendre les négociations sur les bases d’un vrai dialogue social.


Secrétaire Général




5 milliards pour la Recherche en 10 ans : une avancée à préciser et à concrétiser !

Communiqué de presse UNSA éducation / A&I / UNSA ITRF-BiO / Sup’Recherche-UNSA du jeudi 26 mars 2020

L’UNSA Éducation a participé le mercredi 25 mars à une réunion en visio-conférence avec la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur la question de la LPPR.

Pour l’UNSA Éducation et ses syndicats, un accroissement massif du budget de la Recherche est une nécessité. Le président de la République s’est engagé sur une augmentation de 5 milliards du budget de la Recherche en 10 ans. C’est un premier pas important. Répondre aux enjeux sociaux et redonner à la recherche la place qu’elle doit avoir dans la société, ce que montre bien la situation actuelle, nécessite, plus que jamais, de s’inscrire dans la trajectoire qui vise l’objectif des 3% du PIB consacrés à la Recherche et au Développement et celui des 1% du PIB consacré à la Recherche publique.

L’UNSA Éducation a obtenu des précisions sur l’avenir de la Loi LPPR et pris note que le gouvernement souhaite aboutir concrètement dès 2021 à des avancées significatives, quoi qu’il en soit d’un calendrier parlementaire perturbé par la crise actuelle. Pour nous, il est impératif que le budget de la recherche soit sécurisé dans une loi de programmation pluriannuelle. Les politiques de Recherche ne doivent pas se limiter aux organismes de recherche, mais concerner également les universités, leurs laboratoires, les enseignant.es-chercheur.es, les ingénieur.es, technicien.nes et administratif.ves et tous les personnels qui y travaillent.

Nous avons également rappelé l’urgence de plusieurs mesures : l’augmentation des dotations de base, la création d’emplois pérennes et la revalorisation des traitements des personnels de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sur ce dernier point, des premières mesures sont annoncées pour 2021 (recrutement des jeunes chercheur.es à 2 SMIC, augmentation de 200 à 500€ / an des catégories C, 1100€/an pour les maître.sses de conférences et les chargé.es de recherche). Elles doivent avoir des effets concrets : dès le 1er janvier 2021, les personnels concernés doivent le constater sur leur feuille de paye.
Le ministère annonce, à perspective 2027, une revalorisation de 6 000 à 7 000 € pour les professeur.es d’universités et les directeur.rices de recherche, de 6 000€ pour les maître.sses de conférences et de 6 000 à 7 500€ pour les chargé.es de Recherche ainsi qu’une enveloppe de plus de 80 millions pour les ITRF et les ITA. Ces revalorisations indemnitaires feront, dans les semaines qui viennent, l’objet de discussions avec les organisations syndicales.
Pour l’UNSA Éducation et ses syndicats, si ces bases sont intéressantes pour la discussion, elles nécessitent encore des précisions sur les personnels et le périmètre concernés. Nous participerons activement aux discussions sur les modalités de cette revalorisation. Il s’agira d’obtenir la reconnaissance de tous les personnels impliqués dans les activités de recherche. Dans un contexte post-crise que nous ne connaissons pas encore, donner des perspectives aux acteurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est indispensable. Des discussions auront lieu également sur d’autres aspects de la Loi et, notamment, les contrats doctoraux, les chaires de professeur.es juniors.

Même si ce n’était pas le sujet principal de la réunion, nous avons rappelé dans ce contexte exceptionnel de crise sanitaire, la nécessité de protéger nos collègues et les étudiant.es et de privilégier le télétravail. Les salaires de tous les personnels (y compris les vacataires) doivent être sécurisés. Il faut assurer la continuité pédagogique et permettre aux étudiant.es de valider leur semestre, accompagner nos collègues.

Le dialogue social doit se poursuivre, à distance tant que durera la crise, pour revenir aux modalités habituelles quand elle sera finie. C’est indispensable à tous les niveaux : local et national pour la sécurité et les conditions de travail, mais aussi pour les recrutements, les orientations stratégiques et politiques de l’ESRI.

Ivry sur Seine, le 26 mars 2020

Frédéric MARCHAND, secrétaire général UNSA Éducation
Martine SAMAMA, secrétaire générale UNSA ITRF-BI-O
Jean-Marc BŒUF, secrétaire général AetI-UNSA
Jean-Pascal SIMON, secrétaire général Sup’Recherche-UNSA




Les établissements fermés pour les étudiants, les personnels travaillent

Communiqué de presse du 13 mars 2020

Le Président de la République a annoncé la « fermeture des universités » à partir du lundi 16 mars 2020 et « jusqu’à nouvel ordre ». Nous avons rapidement su que cela concerne uniquement l’accueil des étudiants, les personnels continuent donc à venir travailler. Il faudra toutefois prendre aussi en compte les situations personnelles des agents, notamment ceux qui ont des enfants à garder ainsi que les personnes fragiles pour qu’ils soient l’objet d’une attention particulière.
Les organisations syndicales ont été reçues vendredi 13 mars à midi, l’UNSA éducation était représentée par Martine Samama (UNSA-IRTF-BIO) et Christine Roland-Lévy (Sup’Recherche-UNSA). Nous avons tout d’abord assuré à Mme la Ministre que nos collègues mettront tout en œuvre pour que les étudiants soient le moins impactés pédagogiquement et administrativement par cette décision. Dès ce matin nos adhérents, responsables de formations, de composantes … sont au travail afin que lundi les choses se passent au mieux. Nous demandons que les étudiants qui en ont besoin puissent continuer à avoir accès aux Bibliothèques Universitaires avec un minimum de précautions : limitation de la fréquentation, respect d’un mètre de distance entre les usagers … Il faudra également s’assurer que toutes les universités leur offrent un accès en ligne aux revues.
Nous avons la garantie de la continuité des services administratifs et de recherche. En effet les universités ne peuvent pas fermer les animaleries, l’hôpital vétérinaire de l’école vétérinaire de Maison-Alfort, les DSI, les équipements scientifiques … Ainsi la recherche continue.
Les établissements doivent favoriser le télétravail en tenant compte du risque couru par le personnel (transport) et pas simplement de l’intérêt du service.
Nous sommes en période de recrutement d’enseignants chercheurs et à partir du 27 mars les réunions des comités de sélection vont avoir lieu. Là aussi il faudra que tout en respectant les règles nécessaires au bon déroulement de ces opérations des aménagements soient permis (possibilité d’être à distance, y compris pour les audition). Il en va de même pour les réunions du CNU prévues en avril pour les PEDR. Certaines universités sont en période d’élections de leurs conseils centraux, CTE … comment allier le respect de la démocratie en maintenant les échéances électorales dans ce contexte de crise ?
Sur le plan financier, les universités doivent passer par la procédure des marchés pour les déplacements et hébergements. Il faut que le MESRI intervienne auprès de ces agences pour qu’elles remboursent toutes les commandes de voyage et d’hébergement correspondant à des missions annulées à cause du COVID.
Les CROUS seront aussi impactés pour la restauration. Nous demandons que les cités universitaires, restent ouvertes tout en garantissant la sécurité sanitaire des étudiants et des personnels.
L’UNSA Education et ses syndicats du supérieur : A&I, ITRF-Bi-O et  Sup-Recherche-UNSA sont bien entendu prêts à dialoguer avec les autorités politiques et administratives pour passer au mieux cette période difficile pour la Nation.
Ivry-sur-Seine, le 13 mars 2020
Frédéric Marchand, secrétaire général UNSA Education
Jean-Marc Bœuf, secrétaire général A&I UNSA
Martine Samama, secrétaire général ITRF-BiO
Jean-Pascal Simon, secrétaire général, Sup’Recherche-UNSA




La loi de programmation pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR) … « oui-si »

Communiqué de presse, Ivry-sur-Seine le 27 février 2020.

En février 2019, F. Vidal annonçait une loi de programmation qui doit être “engagement fort du gouvernement envers la communauté de recherche[1]” avec trois objectifs :

  • le financement de la recherche afin de “redonner de la visibilité aux laboratoires et aux scientifiques sur les moyens dont ils disposent de manière stable et pérenne[2]” ;
  • l’attractivité de nos métiers, F. Vidal disait alors à ce propos: “La question de l’attractivité des emplois et des carrières scientifiques également s’impose à nous. Chacun voit bien qu’un fossé se creuse avec ce que nous pouvons constater à l’étranger.[3]
  • la recherche partenariale et l’innovation.

Depuis, trois groupes de travail ont présenté leurs rapports. Nous nous retrouvons, comme l’ensemble des organisations syndicales, dans le bilan qui est fait sur l’état de l’ESR : manque de moyens, nécessité d’augmenter les crédits de base affectés aux laboratoires … Il va dans le même sens que ce que nous observons depuis plusieurs années lors des séances d’accréditation de l’offre de formation des universités. La « norme » est qu’un 1/3 des enseignements est assuré en heures complémentaires, cela va même jusqu’à 50 %  dans certaines universités ! Il faut redonner ce temps aux Enseignants-Chercheurs pour qu’ils puissent assurer leur mission de recherche. Ainsi, la première chose à faire serait de les libérer des heures complémentaires en attribuant aux établissements une masse salariale qui soit suffisante au regard du plafond d’emploi qui leur est attribué.

Depuis le 8 octobre, date de la restitution des groupes de travail sur la LPPR, nous demandons régulièrement que le ministère nous indique quelles sont les pistes de travail qu’il a retenues. Hélas, depuis lors aucun document. On peut deviner que certaines propositions (d’ailleurs déjà présentes dans les lettres de mission) recueillent l’assentiment du MESR, mais ce serait plus simple si les cartes étaient sur table.

La concomitance de ce projet avec celui de réforme des retraites produit des interférences dans la communication. La mention « d’une loi de programmation » dans l’article 1 du projet de loi sur les retraites nous interroge : F. Vidal a assuré que la LPPR n’était pas là pour pallier les effets de la réforme des retraites, le projet de loi dit le contraire …

Dans ce contexte, il est difficile de pratiquer sereinement un syndicalisme de construction et de discussion et on voit bien d’ailleurs que cette situation engendre des craintes. Sup’Recherche-UNSA souhaite que l’on passe de la concertation à des négociations sur des éléments clairement posés par le ministère.

Parmi toutes les propositions suggérées par les rapporteurs, on devine donc que quelques-unes seront reprises, comme le projet de « chaire de professeur junior ». Un des aspects positifs c’est que l’on prend enfin conscience qu’un poste d’enseignant-chercheur doit être « environné », l’aspect qui l’est moins c’est qu’il instaure deux types de postes : ceux qui seront (très) bien environnés (les chaires) et d’autres qui le seront beaucoup moins. Obtenir un poste environné sera très concurrentiel et « en échange » il faudra accepter un temps plus long de précarité avant d’être titulaire. Sur le plan de la GRH les choses risquent d’être délicates à gérer entre ceux/celles qui ont des moyens et les autres. Enfin, il semblerait que les titulaires de chaire seront titularisés sur les postes de Pr/DR existants, ce qui revient à gager (à terme) 150 postes par an qui ne seront plus accessibles aux MC HDR pour lesquels l’accès à ces postes sera rendu encore plus difficile.

Pour Sup’Recherche-UNSA la mise en place de ce dispositif ne doit pas aboutir à ce que :

  • les MC et CR voient s’amoindrir leurs perspectives d’accès au corps de Pr et DR ;
  • les recrutements dérogent à la règle normale de recrutement notamment l’HDR pour les Pr ;
  • le CNU ne soit plus consulté dans les processus de qualifications et de recrutements des candidats à ces postes.

Une autre mesure annoncée concerne la revalorisation pour les recrutés de 2021 qui auront une rémunération de 2 SMIC. Comment amener à 2 SMIC la rémunération initiale ? Une solution simple serait de revoir les grilles ; Sup’Recherche-UNSA a des propositions à faire dans ce domaine. La prime compensatrice dégressive qui est évoquée n’est pas un bon outil pour renforcer l’attractivité. Par les effets de plateau qu’elle risque d’induire elle ne sera pas un facteur de motivation pour nos jeunes collègues. En outre, dans un souci de justice, il faudra faire en sorte que les collègues récemment recrutés bénéficient aussi d’une revalorisation.

L’annonce de cette LPPR a suscité des attentes et des espoirs. On n’ose croire que ce gouvernement a lancé ce projet sans des moyens financiers à hauteur des ambitions annoncées. Si tel est le cas, il va une fois de plus mettre à mal le contrat social entre ceux et celles qui sont entrés au service d’une fonction d’État pour la Recherche et l’Innovation. Le risque est grand non seulement que nos métiers ne soient plus attractifs, mais que ceux et celles qui s’y sont engagés il y a de nombreuses années, démotivés, se désengagent.

Pour Sup’Recherche-UNSA, la LPPR c’est un « oui-si » dans la mesure où elle ne répond pas à un certain nombre d’attendus comme : une revalorisation pour tous, une augmentation des dotations récurrentes, une masse salariale qui permettent de recruter des fonctionnaires d’État au service de l’ESR, au lieu de vacataires sous-payés.

[1]     Entretien de F. Vidal à AEF info du 1er février 2019.

[2]     idem

[3]     ibidem