Réforme des INSPE et mission Sherringham : un énième rebondissement bien mal venu !

Communiqué de presse, Ivry le 27-04-2020.

Cette annonce interpelle fortement nos organisations syndicales. À plus d’un titre.

Sur la forme tout d’abord. Apprendre l’existence de cette mission par une agence de presse est un message que nous recevons mal ! Depuis l’ouverture des négociations, nos organisations syndicales ont toujours été force de propositions dans les discussions sur la réforme de la formation initiale des enseignants et des CPE. Cela pose aussi la question du rôle et de l’existence même du comité de suivi de la réforme des INSPE qui n’a, à aucun moment, été informé et encore moins consulté.

Sur le fond. Cette mission marque un tournant dans l’ancrage de la formation des enseignant.e.s et des CPE qui passe ainsi nettement de l’ESR au MENJ.

En effet, la lettre de mission, citée dans la dépêche et qui n’a toujours pas été communiquée, précise que ce sont les « recteurs qui ont la responsabilité de mettre en place les nouveaux Inspé » et que M. Sherringham « accompagnera les recteurs dans la vérification de la conformité des maquettes pédagogiques ». Cela va à l’encontre de l’organisation même de l’enseignement supérieur et de l’autonomie dont jouissent les universités en France. Nos organisations syndicales rappellent que les INSPÉ sont des composantes universitaires à part entière et, qu’à ce titre, ils relèvent des prérogatives à la fois de leur Conseil d’Institut, de la Commission Formation et Vie Universitaire et in fine du CNESER. Nous apprenons également qu’il revient à Mark Sherringham de veiller à « évaluer la richesse des viviers des candidats à la direction des Inspé ». Depuis la loi Blanquer sur « l’école de la confiance », les Conseils d’Institut ont déjà été privés de l’audition des candidats à la direction de la composante au bénéfice d’un « comité d’audition ». Celui va devenir une simple chambre d’enregistrements.

Croit-on vraiment que ces nouvelles annonces, vont contribuer à rendre plus attractives les conditions d’accès aux métiers de l’enseignement et de l’éducation, à renforcer la professionnalisation en formation initiale et à améliorer la rémunération et les conditions de travail des étudiant.e.s et des stagiaires ?

Cette manière de procéder n’est respectueuse, ni des partenaires sociaux, ni des personnels des INSPÉ et des composantes universitaires impliquées dans la réforme de la formation des enseignant.e.s et des CPE. Nous rappelons que depuis le confinement décrété le 17 mars, et l’annonce du Président de la République de suspendre les réformes en cours, toutes les réunions sur la formation des enseignants ont été suspendues, en particulier celles portant sur la modification de l’arrêté du 27 aout 2013 et qui prévoyait dans sa dernière version travaillée le 4 février 2020 une possibilité de décliner l’alternance sur les deux années du master MEEF.

Pour nos organisations syndicales, l’annonce de la mission Sherringham est un nouveau rebondissement qui montre à quel point la réforme de la formation initiale est encore loin d’être aboutie. Cela renforce notre revendication de reporter la mise en œuvre de la réforme et de reprendre les négociations sur les bases d’un vrai dialogue social.


Secrétaire Général




5 milliards pour la Recherche en 10 ans : une avancée à préciser et à concrétiser !

Communiqué de presse UNSA éducation / A&I / UNSA ITRF-BiO / Sup’Recherche-UNSA du jeudi 26 mars 2020

L’UNSA Éducation a participé le mercredi 25 mars à une réunion en visio-conférence avec la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur la question de la LPPR.

Pour l’UNSA Éducation et ses syndicats, un accroissement massif du budget de la Recherche est une nécessité. Le président de la République s’est engagé sur une augmentation de 5 milliards du budget de la Recherche en 10 ans. C’est un premier pas important. Répondre aux enjeux sociaux et redonner à la recherche la place qu’elle doit avoir dans la société, ce que montre bien la situation actuelle, nécessite, plus que jamais, de s’inscrire dans la trajectoire qui vise l’objectif des 3% du PIB consacrés à la Recherche et au Développement et celui des 1% du PIB consacré à la Recherche publique.

L’UNSA Éducation a obtenu des précisions sur l’avenir de la Loi LPPR et pris note que le gouvernement souhaite aboutir concrètement dès 2021 à des avancées significatives, quoi qu’il en soit d’un calendrier parlementaire perturbé par la crise actuelle. Pour nous, il est impératif que le budget de la recherche soit sécurisé dans une loi de programmation pluriannuelle. Les politiques de Recherche ne doivent pas se limiter aux organismes de recherche, mais concerner également les universités, leurs laboratoires, les enseignant.es-chercheur.es, les ingénieur.es, technicien.nes et administratif.ves et tous les personnels qui y travaillent.

Nous avons également rappelé l’urgence de plusieurs mesures : l’augmentation des dotations de base, la création d’emplois pérennes et la revalorisation des traitements des personnels de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Sur ce dernier point, des premières mesures sont annoncées pour 2021 (recrutement des jeunes chercheur.es à 2 SMIC, augmentation de 200 à 500€ / an des catégories C, 1100€/an pour les maître.sses de conférences et les chargé.es de recherche). Elles doivent avoir des effets concrets : dès le 1er janvier 2021, les personnels concernés doivent le constater sur leur feuille de paye.
Le ministère annonce, à perspective 2027, une revalorisation de 6 000 à 7 000 € pour les professeur.es d’universités et les directeur.rices de recherche, de 6 000€ pour les maître.sses de conférences et de 6 000 à 7 500€ pour les chargé.es de Recherche ainsi qu’une enveloppe de plus de 80 millions pour les ITRF et les ITA. Ces revalorisations indemnitaires feront, dans les semaines qui viennent, l’objet de discussions avec les organisations syndicales.
Pour l’UNSA Éducation et ses syndicats, si ces bases sont intéressantes pour la discussion, elles nécessitent encore des précisions sur les personnels et le périmètre concernés. Nous participerons activement aux discussions sur les modalités de cette revalorisation. Il s’agira d’obtenir la reconnaissance de tous les personnels impliqués dans les activités de recherche. Dans un contexte post-crise que nous ne connaissons pas encore, donner des perspectives aux acteurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est indispensable. Des discussions auront lieu également sur d’autres aspects de la Loi et, notamment, les contrats doctoraux, les chaires de professeur.es juniors.

Même si ce n’était pas le sujet principal de la réunion, nous avons rappelé dans ce contexte exceptionnel de crise sanitaire, la nécessité de protéger nos collègues et les étudiant.es et de privilégier le télétravail. Les salaires de tous les personnels (y compris les vacataires) doivent être sécurisés. Il faut assurer la continuité pédagogique et permettre aux étudiant.es de valider leur semestre, accompagner nos collègues.

Le dialogue social doit se poursuivre, à distance tant que durera la crise, pour revenir aux modalités habituelles quand elle sera finie. C’est indispensable à tous les niveaux : local et national pour la sécurité et les conditions de travail, mais aussi pour les recrutements, les orientations stratégiques et politiques de l’ESRI.

Ivry sur Seine, le 26 mars 2020

Frédéric MARCHAND, secrétaire général UNSA Éducation
Martine SAMAMA, secrétaire générale UNSA ITRF-BI-O
Jean-Marc BŒUF, secrétaire général AetI-UNSA
Jean-Pascal SIMON, secrétaire général Sup’Recherche-UNSA




Les établissements fermés pour les étudiants, les personnels travaillent

Communiqué de presse du 13 mars 2020

Le Président de la République a annoncé la « fermeture des universités » à partir du lundi 16 mars 2020 et « jusqu’à nouvel ordre ». Nous avons rapidement su que cela concerne uniquement l’accueil des étudiants, les personnels continuent donc à venir travailler. Il faudra toutefois prendre aussi en compte les situations personnelles des agents, notamment ceux qui ont des enfants à garder ainsi que les personnes fragiles pour qu’ils soient l’objet d’une attention particulière.
Les organisations syndicales ont été reçues vendredi 13 mars à midi, l’UNSA éducation était représentée par Martine Samama (UNSA-IRTF-BIO) et Christine Roland-Lévy (Sup’Recherche-UNSA). Nous avons tout d’abord assuré à Mme la Ministre que nos collègues mettront tout en œuvre pour que les étudiants soient le moins impactés pédagogiquement et administrativement par cette décision. Dès ce matin nos adhérents, responsables de formations, de composantes … sont au travail afin que lundi les choses se passent au mieux. Nous demandons que les étudiants qui en ont besoin puissent continuer à avoir accès aux Bibliothèques Universitaires avec un minimum de précautions : limitation de la fréquentation, respect d’un mètre de distance entre les usagers … Il faudra également s’assurer que toutes les universités leur offrent un accès en ligne aux revues.
Nous avons la garantie de la continuité des services administratifs et de recherche. En effet les universités ne peuvent pas fermer les animaleries, l’hôpital vétérinaire de l’école vétérinaire de Maison-Alfort, les DSI, les équipements scientifiques … Ainsi la recherche continue.
Les établissements doivent favoriser le télétravail en tenant compte du risque couru par le personnel (transport) et pas simplement de l’intérêt du service.
Nous sommes en période de recrutement d’enseignants chercheurs et à partir du 27 mars les réunions des comités de sélection vont avoir lieu. Là aussi il faudra que tout en respectant les règles nécessaires au bon déroulement de ces opérations des aménagements soient permis (possibilité d’être à distance, y compris pour les audition). Il en va de même pour les réunions du CNU prévues en avril pour les PEDR. Certaines universités sont en période d’élections de leurs conseils centraux, CTE … comment allier le respect de la démocratie en maintenant les échéances électorales dans ce contexte de crise ?
Sur le plan financier, les universités doivent passer par la procédure des marchés pour les déplacements et hébergements. Il faut que le MESRI intervienne auprès de ces agences pour qu’elles remboursent toutes les commandes de voyage et d’hébergement correspondant à des missions annulées à cause du COVID.
Les CROUS seront aussi impactés pour la restauration. Nous demandons que les cités universitaires, restent ouvertes tout en garantissant la sécurité sanitaire des étudiants et des personnels.
L’UNSA Education et ses syndicats du supérieur : A&I, ITRF-Bi-O et  Sup-Recherche-UNSA sont bien entendu prêts à dialoguer avec les autorités politiques et administratives pour passer au mieux cette période difficile pour la Nation.
Ivry-sur-Seine, le 13 mars 2020
Frédéric Marchand, secrétaire général UNSA Education
Jean-Marc Bœuf, secrétaire général A&I UNSA
Martine Samama, secrétaire général ITRF-BiO
Jean-Pascal Simon, secrétaire général, Sup’Recherche-UNSA




La loi de programmation pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR) … « oui-si »

Communiqué de presse, Ivry-sur-Seine le 27 février 2020.

En février 2019, F. Vidal annonçait une loi de programmation qui doit être « engagement fort du gouvernement envers la communauté de recherche[1] » avec trois objectifs :

  • le financement de la recherche afin de « redonner de la visibilité aux laboratoires et aux scientifiques sur les moyens dont ils disposent de manière stable et pérenne[2] » ;
  • l’attractivité de nos métiers, F. Vidal disait alors à ce propos: « La question de l’attractivité des emplois et des carrières scientifiques également s’impose à nous. Chacun voit bien qu’un fossé se creuse avec ce que nous pouvons constater à l’étranger.[3]« 
  • la recherche partenariale et l’innovation.

Depuis, trois groupes de travail ont présenté leurs rapports. Nous nous retrouvons, comme l’ensemble des organisations syndicales, dans le bilan qui est fait sur l’état de l’ESR : manque de moyens, nécessité d’augmenter les crédits de base affectés aux laboratoires … Il va dans le même sens que ce que nous observons depuis plusieurs années lors des séances d’accréditation de l’offre de formation des universités. La « norme » est qu’un 1/3 des enseignements est assuré en heures complémentaires, cela va même jusqu’à 50 %  dans certaines universités ! Il faut redonner ce temps aux Enseignants-Chercheurs pour qu’ils puissent assurer leur mission de recherche. Ainsi, la première chose à faire serait de les libérer des heures complémentaires en attribuant aux établissements une masse salariale qui soit suffisante au regard du plafond d’emploi qui leur est attribué.

Depuis le 8 octobre, date de la restitution des groupes de travail sur la LPPR, nous demandons régulièrement que le ministère nous indique quelles sont les pistes de travail qu’il a retenues. Hélas, depuis lors aucun document. On peut deviner que certaines propositions (d’ailleurs déjà présentes dans les lettres de mission) recueillent l’assentiment du MESR, mais ce serait plus simple si les cartes étaient sur table.

La concomitance de ce projet avec celui de réforme des retraites produit des interférences dans la communication. La mention « d’une loi de programmation » dans l’article 1 du projet de loi sur les retraites nous interroge : F. Vidal a assuré que la LPPR n’était pas là pour pallier les effets de la réforme des retraites, le projet de loi dit le contraire …

Dans ce contexte, il est difficile de pratiquer sereinement un syndicalisme de construction et de discussion et on voit bien d’ailleurs que cette situation engendre des craintes. Sup’Recherche-UNSA souhaite que l’on passe de la concertation à des négociations sur des éléments clairement posés par le ministère.

Parmi toutes les propositions suggérées par les rapporteurs, on devine donc que quelques-unes seront reprises, comme le projet de « chaire de professeur junior ». Un des aspects positifs c’est que l’on prend enfin conscience qu’un poste d’enseignant-chercheur doit être « environné », l’aspect qui l’est moins c’est qu’il instaure deux types de postes : ceux qui seront (très) bien environnés (les chaires) et d’autres qui le seront beaucoup moins. Obtenir un poste environné sera très concurrentiel et « en échange » il faudra accepter un temps plus long de précarité avant d’être titulaire. Sur le plan de la GRH les choses risquent d’être délicates à gérer entre ceux/celles qui ont des moyens et les autres. Enfin, il semblerait que les titulaires de chaire seront titularisés sur les postes de Pr/DR existants, ce qui revient à gager (à terme) 150 postes par an qui ne seront plus accessibles aux MC HDR pour lesquels l’accès à ces postes sera rendu encore plus difficile.

Pour Sup’Recherche-UNSA la mise en place de ce dispositif ne doit pas aboutir à ce que :

  • les MC et CR voient s’amoindrir leurs perspectives d’accès au corps de Pr et DR ;
  • les recrutements dérogent à la règle normale de recrutement notamment l’HDR pour les Pr ;
  • le CNU ne soit plus consulté dans les processus de qualifications et de recrutements des candidats à ces postes.

Une autre mesure annoncée concerne la revalorisation pour les recrutés de 2021 qui auront une rémunération de 2 SMIC. Comment amener à 2 SMIC la rémunération initiale ? Une solution simple serait de revoir les grilles ; Sup’Recherche-UNSA a des propositions à faire dans ce domaine. La prime compensatrice dégressive qui est évoquée n’est pas un bon outil pour renforcer l’attractivité. Par les effets de plateau qu’elle risque d’induire elle ne sera pas un facteur de motivation pour nos jeunes collègues. En outre, dans un souci de justice, il faudra faire en sorte que les collègues récemment recrutés bénéficient aussi d’une revalorisation.

L’annonce de cette LPPR a suscité des attentes et des espoirs. On n’ose croire que ce gouvernement a lancé ce projet sans des moyens financiers à hauteur des ambitions annoncées. Si tel est le cas, il va une fois de plus mettre à mal le contrat social entre ceux et celles qui sont entrés au service d’une fonction d’État pour la Recherche et l’Innovation. Le risque est grand non seulement que nos métiers ne soient plus attractifs, mais que ceux et celles qui s’y sont engagés il y a de nombreuses années, démotivés, se désengagent.

Pour Sup’Recherche-UNSA, la LPPR c’est un « oui-si » dans la mesure où elle ne répond pas à un certain nombre d’attendus comme : une revalorisation pour tous, une augmentation des dotations récurrentes, une masse salariale qui permettent de recruter des fonctionnaires d’État au service de l’ESR, au lieu de vacataires sous-payés.

[1]     Entretien de F. Vidal à AEF info du 1er février 2019.

[2]     idem

[3]     ibidem