La réforme des statuts aura-t-elle lieu ?

Le Président Emmanuel Macron a reçu chercheurs, représentants d’établissements supérieurs, instituts de recherche, institutionnels et chefs d’entreprises, pour présenter sa vision pour l’avenir de la recherche française, le jeudi 7 décembre à l’Élysée. Nous vous proposons un premier décryptage de quelques points-clé de cette longue allocution.

Nous proposons d’analyser le passage1 où le président de la république aborde la réforme des statuts. Il commence (2:07:402) en rappelant que pour lui la logique de site qui se joue au niveau des universités avec « un pilotage local des équipes (…) [qui] permet d’avoir une vraie efficacité ». Il propose « d’avancer sans tabou » et que « les universités fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la ressource humaine, qui sont sur leur site avec une vraie logique de délégation de cette fonction ». Interrompant le fil du discours, il passe de l’argumentation à l’anecdote : « j’ai un mot // la ministre m’a interdit de prononcer le mot de statut ». Après une pause de plus de 2 secondes vient une séquence lors de laquelle le président, il raconte ce qui se passe au Conseil présidentiel et enfin il revient à son propos : « vraiment elle m’a dit si vous dites que vous allez changer le statut d’abord, j’ai dit dans la mission de Monsieur Gillet qu’on n’allait pas le faire voilà ça va être tout de suite la bronca tout le monde va se mettre en travers on n’arrivera à rien faire » à nouveau pause puis : « donc j’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts ». Si l’on s’en tient à ce qui est dit, le Président de la République ne réformera pas les statuts ou en tous cas il ne l’a pas dit.

Il est précisé que “Seul le prononcé fait foi” dans les transcriptions des discours officiels, toutefois les éléments coverbaux laissent entendre un tout autre discours : les gestes du locuteur qui posent les statuts dans l’espace par un geste des deux mains (capture n°1) et les écartent (capture n°2) montrent bien que c’est là l’objet du discours. La longue pause qui suit « la ministre m’a interdit … » qui permet à celles et ceux qui sont acquis à la cause de rire de ce propos instaure un partage de cet objet discursif renforcé par un regard (capture n°3) qui manifeste l’intérêt que suscite chez lui cette réaction.

Après une argumentation par l’exemple, cette séquence se termine par une exhorte « diable les statuts ne sont pas des protections aujourd’hui, ce sont devenus des éléments de complexité / donc moi je vous invite très sincèrement / vous êtes beaucoup plus intelligents que moi tous dans cette salle / à les changer vous-mêmes ». De nouveau une pause permet d’obtenir un assentiment qui s’exprime par des rires (capture ci contre) à quoi il ajoute « c’est ce qu’il y a de mieux à faire ».

La dénégation laisse entendre qu’il n’y aura pas de réforme des statuts mais le non-verbal montre bien que la question est quand même au cœur du débat : « Il dit non avec la tête, mais il dit oui avec le cœur » et peu lui importe de susciter « une bronca ». La question des statuts est bien au centre du « pilotage local des équipes ».

Le dialogue social ne peut pas se faire sur des non-dits ou des dénégations, de l’implicite, et de la connivence avec un public qui voit un intérêt à ce que ce cryptoagenda se réalise. Nous attendons une éthique minimale du dialogue qui nécessite la sincérité.

Ainsi ce discours aux concepts souvent creux nous gêne, surtout par le fait que le Président de la République, dit une chose en laissant entendre le contraire, qu’il se met au-dessus de la mêlée des défenseurs des statuts et de celles et ceux à qui il demande de les changer. Il est alors facile au moment qu’il juge opportun en « maître des horloges », de sonner la fin du match.

Sup’Recherche-UNSA :

  • demande que le Président de la République explicite ses intentions ;
  • rappelle que les organisations syndicales sont les partenaires sociaux de l’Etat-employeur qui doivent être consultés ;
  • s’oppose à la remise en cause l’existence d’un statut national pour les fonctionnaires d’État de l’ESR.

Nous expliquerons dans le prochain décryptage que les statuts ont une raison d’être et ne sont pas “une stupidité du système » .

1 Nous renvoyons au discours disponible en ligne ici : https://www.youtube.com/watch?v=A0qPHvZJW4Q&t=7890s [consulté le 11/12/23]

2 En 2021, 33,6 % des personnels enseignants des établissements d’enseignement supérieur sont des personnels contractuels. Ils ne sont pas tous sur des contrats d’enseignant-chercheur contractuel, mais ce pourcentage doit interroger.




Doctorat en droit, pourquoi s’acharner ?

Le 1er décembre, un décret1 est venu porter un nouveau coup à la valeur du doctorat en droit. Jusqu’alors ce titre permettait une entrée directe dans un centre de formation à la profession d’avocat. Désormais, il faudra en plus que les docteurs en droit aient « dispensé au moins 60 heures d’enseignements en droit, par an et pendant deux ans, au cours des cinq dernières années précédant la demande d’accès, dans un établissement public d’enseignement supérieur ».

Sup-recherche-UNSA constate qu’il s’agit d’un nouveau coup porté à la valeur du diplôme de doctorat, déjà atteinte par la fin récente de la passerelle vers la magistrature.

Sup’recherche -UNSA s’interroge en outre sur le but de cette disposition, qui incite certains des doctorants les plus fragiles à accepter des charges d’enseignement dans des conditions précaires au moment où les vocations se font plus rares.

Nous sommes très loin d’une politique ambitieuse de valorisation du doctorat, pourtant affichée par le Ministère !

1 Décret n° Décret n° 2023-1125 du 1er décembre 2023 relatif à la formation professionnelle des avocats.




CNESER du 5 décembre 2023

Parmi les points d’information, les axes principaux de la refonte de la formation des enseignants ont été évoqués. Un groupe de travail a été constitué sur la base de trois axes : continuum de la formation dès après le bac avec un accent mis sur le professorat des écoles ; un repositionnement du concours au niveau licence et un cadrage national des formations. Sup’recherche-UNSA redit sa préoccupation et sa vigilance sur ce point.  Nous rappelons que c’est l’enseignement supérieur qui est en charge de la formation des enseignants.  L’objectif de mettre en place une réforme dès 2024 nous semble assez irréaliste.

Le projet d’accréditation de l’offre de formation de l’Université de nouvelle Calédonie a été présenté. Si l’on peut adhérer à l’architecture générale de l’offre, il est légitime de s’inquiéter du manque de moyens pérennes de l’établissement pour soutenir son projet. Malgré cela, Sup’Recherche-UNSA a voté pour, afin d’accompagner les équipes sur place.

Sup’Recherche-UNSA a en outre approuvé la réforme des études ondotologiques qui limite à 5 le nombre des réinscriptions ainsi que d’arrêté fixant les référentiels de formation et d’évaluation relatifs à la mention « activités juridiques : Mandataire judiciaire à la protection des majeurs » de la licence professionnelle ».

En revanche Sup’Recherche-UNSA a voté contre diverses dispositions qui avaient en commun d’augmenter la pénétration du secteur privé dans le domaine de la formation supérieure notamment par la reconnaissance d’écoles techniques privées ou l’autorisation donnée à des écoles privées de conférer des grades universitaires. Sup’ Recherche-UNSA s’est déjà exprimé à ce sujet sur le projet de loi de finances du gouvernement (voir ici). Faut-il comprendre que l’on entend remédier au sous-financement chronique des universités en livrant une partie de la jeunesse à des officines parfois douteuses, au risque de rendre l’enseignement supérieur foncièrement inégalitaire 




Formation des enseignants : des groupes de travail au MESRI !

Jeudi 30 novembre, nous avons été reçus en rencontre multilatérale par Pierre Mutzenhardt, (Directeur adjoint de cabinet), Isabelle Prat (Conseillère formation) et Boris Melmoux-Eude (DGRH MEN & MESR).

Nous leur avons rappelé notre attachement une formation, au sein des universités les différents professionnels de l’éducation : professeurs des écoles, de collèges et lycées, de lycée professionnel, professeurs documentalistes, conseillers d’éducation. Nous avons aussi rappelé que les INSPE, composantes universitaires relevant du MESR, doivent continuer à  assurer  la formation initiale d’enseignants et que nous nous opposerons à toute évolution conduisant les INSPE à devenir des écoles de la fonction publique.

De nombreux points ont été abordés montrant l’urgence d’engager ce chantier avec les syndicats représentant les personnels de l’enseignement supérieur si les questions de concours de recrutement concernent l’employeur (MEN), ce qui a trait à la formation universitaire doit être discuté avec les représentants des enseignants et enseignants-chercheurs.

Nous retenons de cette rencontre que le MESR mettra en place des groupes de travail en janvier. Sup’Recherche-UNSA fera parvenir au cabinet une liste de questions qu’il convient de traiter.

A l’issue de cette rencontre nous avons remis au cabinet ce document rappelant nos mandats et une première réactions à propos des annonces faites par le ministre Attal.




Formation des enseignants, enfin une multilatérale au MESR !

Le 8 novembre, le Ministère de l’Éducation Nationale donne les grandes orientation d’une nouvelle réforme de la formation des enseignants. Nous étonnant d’une part du silence du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche sur le sujet et qu’aucune des organisations syndicales de l’ESR ne soit conviée, nous avons envoyé un courrier intersyndical (CGT, FO, SGEN, SNESUP-FSU, SUD, Sup’Recherche-UNSA) demandant à la Ministre d’organiser rapidement une réunion multilatérale sur ce sujet.

Jeudi 30 novembre, nous serons reçus par Pierre MUTZENHARDT, Directeur adjoint de cabinet. Nous lui rappellerons notamment la nécessité de former, au sein des universités les différents professionnels de l’éducation : professeurs des écoles, de collèges et lycées, de lycée professionnel, professeurs documentalistes, conseillers d’éducation, que les INSPE, composantes universitaires relevant du MESR, doivent continuer à  assurer  la formation initiale d’enseignants et que nous nous opposerons à toute évolution conduisant les INSPE à devenir des écoles de la fonction publique.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette rencontre avec ce que nous avons porté.




CNESER … le retour !

Lors de la séance du CNESER du 14 novembre 2023, les représentants de Sup’Recherche-UNSA et nombre des membres du CNESER ont refusé d’examiner le « Projet de loi relatif à l’organisation de la gouvernance de la sureté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire », déposé dans l’ordre du jour de façon tardive et en dehors des exigences du règlement du CNESER.

Une séance en visioconférences a donc été organisée le 22 novembre 2023.

Le projet de Loi « fixe le cadre de la nouvelle organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Il prévoit également des dispositions pour la sécurisation et l’accélération des procédures commerciales pour les porteurs de projet dans le domaine du nucléaire ».

En convergence avec le syndicat SPDAEN-UNSA, Sup’recherche-Unsa s’est associé une motion intersyndicale s’opposant à ce texte.

Cette motion a été adoptée à une très large majorité.




CNESER du 14 novembre

Le CNESER du 14 novembre 2023, réuni en formation plénière a commencé par une présentation du budget 2024 du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en présence du cabinet de Madame la ministre et des directrices générales. Sup’Recherche-UNSA, a plusieurs reprises, a souligné l’insuffisance de ce budget en alertant les parlementaires, et en dénonçant un budget insuffisant. Voter une répartition n’ayant aucun sens, nous avons donc voté contre après une courte déclaration (lire ici) … il n’y avait rien de plus à dire, que de constater l’ampleur du désengagement du gouvernement vis-à-vis de l’ESR et de la jeunesse de France.

L’après-midi deux textes concernant les établissements : la COMUE expérimentale «Lyon – Saint-Étienne» et l’établissement public expérimental (EPE) de Clermont-Ferrand. Nous restons dubitatifs sur les motifs qui font choisir l’expérimentation.

Concernant la COMUE expérimentale, nous aurions aimé que seuls les établissements publics puissent accéder au statut de membre associé. Pour Sup’Recherche-UNSA, on doit maintenir explicite la différence entre le service public d’enseignement supérieur qui doit partout sur le territoire garantir un enseignement de qualité accessible à tous et les officines privées qui souvent ne cherchent que les profits financiers. Sup’Recherche-UNSA, s’est abstenu sur ce texte. Nous soulignons quand même qu’il est urgent que les établissements universitaires de Lyon et Saint-Étienne puissent disposer d’un cadre leur permettant de coopérer.

Pour l’EPE Clermont-Ferrand nous avons fait part de notre interrogation sur les compétences du conseil des Enseignants-Chercheurs qui recouvrent celles du Conseil Social d’Administration (CSA). Que se passera-t-il si le CSA émet un avis différent du conseil ? Sup’Recherche-UNSA s’est abstenu sur un projet dont on ne voit pas la nécessité d’un statut expérimental.

Les textes concernant les formations post-bac ont recueilli notre assentiment.

Sup’Recherche-UNSA a dénoncé les conditions que l’examen du projet de loi relatif au rapprochement de l’Autorité de sûreté nucléaire, avec l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, qui nous avait été transmis hors délais. L’UNSA-SPAEN a fait la déclaration suivante, que nous avons soutenue, mentionnant des points qui nécessitent de sérieux éclaircissements. L’examen du texte a été reporté à un CNESER qui se tiendra le 22/11.




Election de la Vice-présidence de la formation disciplinaire du CNESER, une réforme qui laisse quelques regrets.

Conformément à l’article 33 de la l’article 33 de la loi n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique le Décret n° 2023-856 du 5 septembre 2023 relatif à la formation disciplinaire du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche et aux sections disciplinaires des universités compétentes à l’égard des enseignants-chercheurs et des personnels exerçant des fonctions d’enseignement a modifié la procédure, la plaçant sous la présidence d’un Conseiller d’Etat.

Par le dialogue social, Sup’recherche UNSA avec d’autres organisations syndicales, a obtenu la création d’une vice-présidence de la formation disciplinaire par un enseignant chercheur. Ainsi l’article R. 232-25 du Code de l’éducation dispose : « Un vice-président est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours parmi les professeurs des universités conseillers titulaires, membres du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche statuant en matière disciplinaire, par l’ensemble des conseillers titulaires et suppléants, mentionnés à l’article R. 232-23. Il est appelé à remplacer le président en cas d’empêchement de ce dernier. » Néanmoins, le texte actuel reste en deçà des pouvoirs que nous aurions voulus pour cette Vice-présidence, gage de fonctionnement collégial.

Ce 13 novembre, a eu lieu la première élection. Madame Frédérique ROUX a été élue au premier tour avec 16 voix, contre une pour Madame Marguerite Zani.

Sup’Recherche-UNSA, qui dispose d’un siège dans la formation disciplinaire, restera vigilant afin que cette vice-présidence puisse jouer pleinement son rôle en assurant à la fois la légitimité et la continuité de la formation disciplinaire.




Budget 2024 : les parlementaires au secours du savoir

Sup’Recherche-UNSA a alerté les parlementaires sur la nécessité de réviser substantiellement le projet de budget pour la mission “recherche et enseignement supérieur” (voir ici). Le 30/10/23, la commission des finances de l’Assemblée nationale a adopté une série d’amendements qui visent à pallier la faiblesse de l’investissement de l’État pour les missions d’enseignement des établissements d’enseignement supérieur public et à augmenter les crédits récurrents pour les laboratoires de recherche.

Le nombre d’amendements adoptés témoigne, s’il en était besoin, l’insuffisance de ce projet de budget si l’on veut que la France reste “une grande nation scientifique”.

L’action des parlementaires est limitée par l’article 40 de la constitution qui leur interdit d’augmenter une dépense publique sans en diminuer une autre. Ils ont donc dû ponctionner dans d’autres programmes, ce que d’aucuns pourront regretter, mais une austérité de mauvais aloi conduit à des choix difficiles, dont le gouvernement porte la responsabilité.

Que ferons-nous quand, face aux enjeux sociaux, environnementaux, économiques, notre pays ne pourra pas s’appuyer sur la recherche ? Le but du gouvernement est-il une diminution du niveau de connaissance dans notre société ?

Le gouvernement a pris l’habitude d’utiliser l’article 49-3 pour faire passer la plupart de ses lois. Dans ce contexte c’est la Première ministre qui choisira de garder ou pas tout ou partie de ces améliorations.

Sup’Recherche-UNSA mesurera la considération du Gouvernement pour l’enseignement supérieur, les fonctionnaires qui le servent, et les étudiants, à ce qu’il retiendra de ces amendements.

Pour en savoir plus sur les amendements (source site Assemblée Nationale)




Budget de l’ESR : alerte aux parlementaires

Sup’Recherche-UNSA a écrit à l’ensemble des parlementaires pour leur faire part de notre grande inquiétude quant au budget annoncé pour l’enseignement supérieur en 2024.
Sans révision substantielle des crédits alloués, le gouvernement condamne les établissements d’enseignement supérieur publics à ne plus pouvoir accueillir les bacheliers qui souhaitent y poursuivre leurs études.
Il lui faudra alors leur expliquer, lors de la campagne ParcourSup 2024, que c’est le choix d’une rigueur mal considérée qui conduit à ce qu’ils n’aient pas de proposition d’affectation.
Lien vers le courrier aux parlementaires