L’accréditation des INSPE, les forçats de la formation …
Depuis plus de 30 ans, les universités sont impliquées dans la formation des enseignants et, depuis la loi de 1989 créant les IUFM, sont pleinement en charge de cette mission. Nous avions rappelé lors de la mise en place du comité de suivi qu’il fallait prendre appui sur le travail et la réflexion déjà menés. Il ne faut pas faire table rase du passé. La lecture du bilan de fin des 29 mois de travail du Comité de suivi de la mise en œuvre de la réforme des INSPE de Marie-Danièle Campion et François Louveaux est décevante. Il consiste essentiellement en constats, peu de propositions et en tous cas aucune capitalisation des acquis de ces trente dernières années.
En écho à cela, la séance d’accréditation des INSPE du 7 juillet, qui montre que les choses vont en de mal en pis. Les collègues des INSPE ont des conditions de travail de plus en plus difficiles, souvent, ils doivent faire face à des injonctions paradoxales. Ces acteurs de la formation ne se sont ni soutenus, ni reconnus, ce qui engendre un découragement tel que des démissions de directions d’INSPE, des collègues cherchent à partir ou attendent avec impatience leur retraite … Lors de cette séance, nous avons posé la question à une direction d’INSPE combien de temps ils allaient pouvoir tenir dans ces conditions. La réponse fut édifiante : « Nous allons tenir parce qu’il le faut. »
Outre le manque de moyens, il importe que les ministères concernés et plus largement le gouvernement français, tranche entre deux visions de la formation des maîtres qui mettent actuellement le système en tension : une formation universitaire dans le respect des principes évoqués ci-dessus ou une école professionnelle sous la tutelle de l’employeur, comme c’est le cas pour les écoles de police par exemple. Sans un choix politique clair les acteurs de la formation sont condamnés à rester dans un no mans land qui les prive du pouvoir d’agir engendrant de la souffrance au travail.
Pour sa part, Sup’Recherche-UNSA revendique une formation portée conjointement par les deux ministères mais dans le respect des prérogatives de chacun : l’État employeur avec la responsabilité de définir le profil de l’enseignant du XXIe siècle qu’il entend recruter et les universités qui ont la responsabilité de construire des formations en réponses aux besoins.