Quand notre ancienne ministre rejoint l’enseignement privé …
On aurait pu croire à une infox, mais non : F. Vidal, ex-ministre de l’Enseignement supérieur, a bien tenté de rejoindre une école de commerce privée (la « Skema Business School »). La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) a mis fin à cette tentative avec une délibération (19/04/22) estimant que le « projet de Madame Vidal est incompatible avec les fonctions gouvernementales qu’elle a exercées au cours des trois dernières années1 ».
Dans ce même avis, la HATVP note que “Skema Business School” a reçu, en 2015, par arrêté du ministre chargé de l’enseignement, la qualification d’établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général et a conclu, à ce titre, un contrat pluriannuel avec l’État, fixant le soutien financier apporté par ce dernier et les contreparties correspondantes de l’établissement. Cette qualification a été renouvelée par arrêté du 23 décembre 2019 et un nouveau contrat a été conclu pour la période 2020-2024. » et que « que la subvention accordée [à Skema Business School] pour l’année 2021 a fait l’objet d’une augmentation de 20% ». Beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur public aimeraient être traités de la sorte par le MESRI !
On savait notre ancienne ministre tenace dans ses projets (nous l’avons expérimenté lors des négociations que nous avons eues avec elle). Qu’à cela ne tienne, si son premier projet est retoqué par la HAPTV, elle sera conseillère spéciale d’Eric Cornuel, Président de l’association Fondation européenne pour le développement du Management (EFMD) qui accorde le label Equis aux écoles de commerce et de management. Il s’agit le plus souvent d’écoles privées, ce qui signifie des droits d’inscriptions élevés, la sélection des étudiants, le soutien par des fondations, etc. Cette fois l’HAPTV rend un « avis de compatibilité avec réserves2 » (27/07/22) assorti de conseils afin de prévenir un « risque de nature déontologique » comme « s’abstenir de toute démarche (…) avec des membres du Gouvernement en exercice qui l’étaient également lorsqu’elle était ministre ainsi que des membres de son cabinet qui occupent encore des fonctions publiques (…) des services sur lesquels elle avait autorité et dont elle disposait en tant que ministre de l’enseignement supérieur ». La Haute Autorité « rappelle également qu’il appartient à Madame Vidal, (…) sans limite de durée, de s’abstenir de faire usage ou de divulguer des documents ou renseignements non publics dont elle aurait eu connaissance du fait de ses fonctions. ». Ces recommandations montrent que personne n’est dupe : c’est surtout son carnet d’adresses que l’EFMD achète. Une question reste pendante : qui s’assurera que ces recommandations sont bien suivies ?
On savait que l’attractivité des métiers de l’ESR était en berne, mais au point que celles et ceux qui y ont assuré les plus hautes fonctions soient aussi touché.e.s… Il est urgent d’agir !
1Voir : https://www.hatvp.fr/wordpress/wp-content/uploads/2022/08/2022-135-Frederique-Vidal.pdf
2Voir : https://www.hatvp.fr/wordpress/wp-content/uploads/2022/08/2022-247-Frederique-Vidal.pdf