Quand la réforme de la PACES vire au cauchemar
Suite d’une promesse du Président de la République en date du 18 septembre 2018 la Première année Commune aux Etudes de Santé (PACES) est remplacée par le Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) et la Licence à Accès Santé (LAS). Dans son discours « sur la transformation du système de santé “prendre soin de chacun”[1], Emmanuel Macron annonçait en grande pompe la suppression du numerus clausus et la fin du concours de PACES, laissant croire que les portes des facultés de santé seraient grandes ouvertes !
- C’était sans compter les gels de postes compromettant l’encadrement des étudiants.
- C’était sans compter l’étroitesse des locaux où les salles de travaux pratiques sont déjà bondées et où les emplois du temps semblent impossibles à tenir.
- C’était sans compter les CHU dont les services ne peuvent plus accueillir de stagiaires ou d’externes.
Au jour le jour, Enseignants-Chercheurs et BIATSS colmatent les brèches, donnent de leur personne, s’investissent pour compenser tous ces manques. Mais s’il est bien un phénomène connu en santé, c’est que la compensation mène à la décompensation et à l’effondrement du système.
La réforme du ministère conduira à cette décompensation. Vaguement négociée dans les conférences de doyens, jamais avec les acteurs de terrains, elle a été imposée au pas de course en pleine crise du COVID-19. Les Enseignants-Chercheurs étaient alors sur le front du numérique et les enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires étaient sur le front à l’hôpital, bref au pire moment !
La PASS est une sorte de première année de PACES “light” composée d’une majeure santé et d’une mineure « autre » (droit, STAPS, philosophie, etc.) On laisse croire aux étudiants échouant en PASS qu’ils pourront directement intégrer une deuxième année de droit par exemple.
La LAS est encore pire : une L1 (Droit, STAPS, etc.) avec une mineure santé de 100h. Les étudiants qui ont suivi ce cursus sont à bout. Le programme pédagogique est plus lourd que la PACES. S’ils réussissent il leur faudra une remise à niveau pour suivre les cours de 2e année de santé. Il sera alors nécessaire de construire des cursus de remédiation, mais avec quels crédits et quels enseignants ?
En bref, c’est une usine à gaz qui ne peut conduire qu’à l’échec ! La réforme de la première année des études de santé a été sacrifiée sur l’autel de la communication politique.
Tout PASS, tout LAS … tout casse !
[1] https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2018/09/18/discours-sur-la-transformation-du-systeme-de-sante-prendre-soin-de-chacun-du-president-de-la-republique-emmanuel-macron