Le classement de Shangaï
Ce marronnier a occupé la fin de l’été : telle université perd 3 places, telle autre en gagne une, d’autres disparaissent … pourquoi au final ? La ministre félicite les établissements classés, et on postule que les décisions politiques sont pour quelque chose dans les progrès des uns et des autres.
Que nous apprend réellement ce classement ? Peu de choses sur le plan pédagogique car les critères portent essentiellement sur la recherche … S’il fallait en déduire un : notez que Harvard (N°1 du classement) a un ratio de 7,66/étudiant (admis après sélection) par professeur. Ça laisse songeur !
Est-ce que ces établissements qui progressent dans ce classement deviennent réellement meilleurs et remplissent mieux les missions que l’État leur assigne : la formation initiale et tout au long de la vie, la recherche et sa diffusion, l’orientation et la promotion sociale, la diffusion de la culture humaniste, la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche et la coopération internationale ? La réponse est non. On pourrait nous rétorquer que les regroupements visant à mieux figurer dans le classement se sont accompagnés d’efforts notables, par exemple dans la construction d’un grand campus sur le plateau de Saclay… mais les conditions de vie étudiante ne sont de toutes façons pas prises en compte dans le classement de Shanghai.
Plus que jamais, les établissements français d’enseignement supérieur n’ont rien à faire dans ce classement précis. Il n’est finalement qu’un classement de marque et n’a de sens que dans une optique de marchandisation des diplômes. Cette hiérarchisation prend comme étalon le modèle anglo-saxon qui vise à vendre des diplômes à l’opposé du modèle universel que prône notre constitution.
Il faut donc que les établissements sortent de ce classement qui ne leur sert à rien, ne mesure aucunement leur valeur et leur impose un modèle exogène. Si les établissements tiennent à figurer dans un classement, ce qui peut avoir des vertus et du sens, il faut que ce soit le nôtre et qu’il réponde aux problématiques de notre société en mesurant : l’universalisme de l’accès à l’enseignement supérieur, la culture humaniste, la réussite et la qualité de vie des étudiants, la diffusion du savoir pour toutes et tous, la qualité de la recherche, la coopération scientifique, la prise en compte des enjeux de développement durable, etc.