Identification des effets amenant à un l’écart de salaire entre les hommes et les femmes enseignants-chercheurs
Une note de la DGRH sur les écarts de rémunération dans le corps des enseignants-chercheurs entre les femmes et les hommes est sortie en novembre 2021.
Cette analyse permet d’objectiver les différences de rémunération qui existent entre les femmes et les hommes et d’en pointer les principales causes.
Les conclusions de cette note montrent que les femmes ont un salaire brut moyen inférieur de 406 € par mois à celui des hommes ; 61% de cet écart correspond à l’effet ségrégation des corps, c’est-à-dire la faible représentation des femmes dans le corps de Professeurs des universités (PU) par rapport à celui des Maîtres de conférences (Mcf) ; 22% de l’écart est dû à l’effet démographique au sein des corps, c’est-à-dire une diminution de la représentation des femmes dans les grades-échelons les plus rémunérateurs.
Les résultats de cette étude ont été obtenus à l’aide d’un outil développé par la Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique (DGAFP) pour analyser et expliquer les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes dans la fonction publique. Les résultats de l’application de cet outil aux corps des enseignants-chercheurs sont donnés dans le Tableau 1.
En ce qui concerne l’effet ségrégation des corps la note précise que l’écart devrait normalement s’atténuer avec la féminisation des recrutements dans le corps des PU. Toutefois, la note ne donne aucune projection en termes de durée. Cette durée peut être conséquente, car, malgré la féminisation des recrutements de PU, la réduction du nombre de postes ouverts au recrutement chaque année fait que la proportion de femmes dans ce corps n’est encore que de 28 % alors qu’elle est de 45 % dans le corps de MCF. Ainsi, même si 38 % des PU recrutés entre 2016 et 2020 sont des femmes, elles ne représentent que 18 % des femmes PU (ce qui est équivalent en nombre aux femmes recrutées entre 2001 et 2005) (Tableau 2).
Naturellement, l’effet démographique est lié à la féminisation récente des recrutements de PU.
L’effet prime comprend les primes et les heures complémentaires et 59 % de l’effet prime s’explique par le fait que les enseignants-chercheurs hommes font plus d’heures complémentaires que les femmes. Le reste s’explique principalement par le fait que le PEDR est davantage attribué aux hommes. A noter que l’effet prime lié aux heures complémentaires est plus faible dans le corps des PU (-10 € contre -44 €). Cet effet prime est aussi plus important dans les écoles d’ingénieurs 30 % alors qu’il n’est que de 8 % à 13 % dans les autres types d’établissements.
La note s’intéresse aussi aux corps des enseignants du second degré. L’écart de rémunération est de – 410 € pour les professeurs certifiés et -347 € pour les agrégés. Dans ces corps, l’effet démographique et l’effet prime expliquent principalement l’écart de rémunération. Ce qui est intéressant à noter, c’est que leur impact est presque équivalent.
Il serait utile de déterminer les causes de cet effet prime, comment expliquer que l’organisation du travail de l’enseignement supérieur soit plus favorable à la rémunération complémentaire des hommes que des femmes ?
Les conclusions de cette note renforcent les préoccupations de Sup’Recherche-UNSA sur la problématique de l’égalité professionnelle dans le corps des enseignants et enseignants-chercheurs. Il est important que la mise en place de la nouvelle voie de recrutement des professeurs des universités mise en place dans la LPPR intègre et affiche clairement une ambition pour réduire cet écart.
Illustration de l’article : Tim Mossholder