Décryptage III, l’Enseignement supérieur porte d’entrée de la recherche
Décryptage III
Le Président Emmanuel Macron a reçu plus de 300 chercheurs, représentants d’établissements supérieurs, instituts de recherche, institutionnels et chefs d’entreprises, pour présenter sa vision pour l’avenir de la recherche française, le jeudi 7 décembre à l’Élysée. Nous présentons un troisième décryptage de cette allocution.
L’Enseignement supérieur porte d’entrée de la recherche
Lors de son récent discours, le président de la République a utilisé treize fois le terme « agence » et plusieurs fois le mot « classement », exprimant ainsi son désir de transformer nos grands organismes nationaux de recherche en véritables structures visant une certaine forme d’excellence. Cependant, le président n’a pas détaillé la nature spécifique de ces transformations ni les implications concrètes de ce changement.
Pour Sup’Recherche-UNSA, cette orientation risque de détourner les EPST de leur objectif principal, qui est de conduire des recherches considérées comme non lucratives, mais essentielles pour la France.
Cette approche, probablement influencée par le « complexe de Shanghai », omet un aspect crucial : l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’université. C’est essentiel pour le développement de notre pays, mais c’est compromis par un sous-financement chronique depuis la mise en œuvre de la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU). La LPR n’a pas permis de combler le retard en matière de financement des missions de l’enseignement supérieur, pour cela il aurait fallu une autre loi de programmation.
La référence au classement de Shanghai conduit inévitablement à un marché des universités, passant ainsi d’une logique de service public à une logique de rentabilité élitiste de la recherche et sans aucun doute, de l’Enseignement Supérieur, déjà bien présent dans l’économie de marché.
Il est donc impératif de rappeler au Président que nos établissements d’enseignement supérieur ne sont pas seulement des centres de recherche, mais ont aussi une mission de transmission des savoirs qui mène un certain nombre d’étudiants à embrasser des métiers liés à la recherche. La formation des étudiants de licence, master, doctorat est le terreau des prix et reconnaissances internationaux (Nobel, médaille Fields, etc.).
Notre objectif principal devrait être l’étudiant, en maintenant la qualité et la pertinence de notre système éducatif, de notre recherche et du service public.
Pour Sup’Recherche-UNSA, aucune nation ne peut avoir une recherche de haut niveau sans un enseignement supérieur de haut niveau.
Faut-il également rappeler que les universités jouent un rôle d’ascenseur social fondamental, portant les espoirs du pacte républicain ? Pourtant, chaque année, un grand nombre d’étudiants se retrouve sans affectation, en L1 comme en master, en raison de l’insuffisance de places. Le droit aux études supérieures doit être garanti à chacune et à chacun. Il faut ouvrir des places, en premier cycle ainsi qu’en master, pour garantir l’égalité des chances pour toutes et tous et sur tout le territoire.
La diminution d’année en année des financements de l’État pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche se traduit au niveau des établissements par le gel des campagnes d’emplois statutaires pour réduire les déficits creusés par le désengagement de l’État. Les universités recourent de manière accrue à des contractuels ou des vacataires, se traduisant par un accroissement de la précarité et par une surcharge de travail pour les titulaires. Ainsi, la réduction persistante des ressources financières et du nombre d’enseignants-chercheurs qualifiés entrave gravement l’accès à l’enseignement supérieur public. Cette situation place la jeunesse dans une position intenable, l’obligeant souvent à se tourner vers des alternatives onéreuses et de piètre qualité offerte par le secteur privé. Ces coûts élevés des formations privées non seulement limitent l’accès à l’éducation pour une grande partie de la population, mais contribuent également à creuser les inégalités socio-économiques.
Sup’RechercheUNSA demande un retour à un financement à la hauteur de ce que peut espérer une « grande nation de savoirs » digne des objectifs du pacte républicain. Il lui faut aussi des soutiens solides pour accomplir sa double mission d’enseignement et de recherche, et ainsi contribuer pleinement à l’avenir de notre nation.