CNESER du 14 sept. 2021

Mme la Ministre nous a fait l’honneur d’ouvrir la première séance du CNESER de cette année universitaire. Nous avons profité de cette occasion pour lui faire part de notre état d’esprit en ces temps de rentrée.


Madame la Ministre,

Notre intervention commencera par une citation de Rabelais (Pantagruel, Chap.3) qui illustre note état d’esprit en ces temps de rentrée : « Quand Pantagruel fut né (…) Gargantua son père (…) ne savait (…) s’il devait pleurer pour le deuil de sa femme, ou rire pour la joie de son fils. »

En cette rentrée universitaire doit-on se réjouir ? On le peut quand on voit, sur les campus, les files d’attente devant les lieux de restauration, quand on retrouve les collègues dans les UFR et les laboratoires, quand on échange autour d’une boisson. Reprendre des interactions professionnelles et pédagogiques qui ne sont pas médiatisées par des machines et des écrans et revenir à une vie universitaire normale nous fait du bien.

Doit-on au contraire pleurer quand on constate, lors de cette dernière rentrée de la mandature, que le gouvernement n’aura pas enrayé la dégradation des conditions d’accueil des étudiants ? L’annonce de création de places pour les étudiants reste un leurre. Il faudrait des salles et des amphithéâtres supplémentaires, des postes de titulaire. Ce n’est pas un problème de plafond d’emplois, c’est plutôt une insuffisance de la masse salariale. Cela se joue aussi dans les choix faits qui se font contre les personnels : privilégier les emplois de contractuels et contre les étudiants : appauvrir et réduire l’offre de formation.

Les chiffres du ministère sont là (Cf. Note d’information du SIES du 21 mai 2021 et graphique ci-dessous) : d’année en année, l’investissement moyen par étudiant baisse. Et ce n’est pas parce que le thermomètre montre que le patient a de la fièvre que le casser le guérira !

Les personnels ne sont pas mieux traités : gel du point d’indice, baisse du nombre de recrutements. Des promesses ont été faites pour revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail : elles tardent à se concrétiser alors que l’on avance à marche forcée dans la mise en place de réformes déstructurantes comme les « chaires de professeur junior ».

Cette rentrée nous met donc dans la même situation que Gargantua, doit-on rire ou pleurer ?

Il ne vous reste que quelques mois, madame la ministre, pour nous faire pleurer ou nous donner des occasions de nous réjouir. Pour cela il faudra tenir des promesses qui, nous l’espérons, n’auront pas engagé que celles et ceux qui les auront écoutées. Il faudra que le budget 2022 prenne réellement en compte l’évolution des effectifs étudiants par un rattrapage paramétrique. L’augmentation du budget de l’ESRI que nous demandons ne peut se résumer au financement de la poursuite de dispositifs antérieurs (loi ORE, LPR,…).

Je vous remercie de votre attention.